Récemment j'ai soulevé un tollé en parlant de maltraitance institutionnelle dans un forum.
Déjà je précise ce que j'entends par maltraitance institutionnelle: pour moi c'est la maltraitance des dirigeants qui se traduit par la sous-dotation en personnel soignant dans les institutions et qui conduit à une situation où le soignant a toujours plus de soins à faire dans un minimum de temps.
On m'a rétorqué que là où il y a maltraitance institutionnelle il y a maltraitance tout court.
Cette vision des choses me parait complètement manichéenne. On ne fait pas que "le bien" ou "le mal dans une vie.
On passe même tout son temps à osciller entre les deux.
La bientraitance ou la maltraitance sont de vastes notions qui pourraient être mises en parallèle avec le bien et le mal.
Il y a des différences de degré en maltraitance.
Le plus fort degré étant les violences avérées sur la personne qu'elles soient physiques, morales ou financières.
Ce degré de maltraitance je pense et j'espère qu'il est rare.
Ensuite il y a tous les degrés de maltraitance banalisés dans les établissements liés à l'absence de temps ou à des défauts d'organisation.
Par exemple, réveiller un résident pour lui servir le petit déjeuner alors qu'il est plutôt lève-tard c'est pour moi une forme de maltraitance.
Appeler un résident papi ou mamie aussi ou tous ces petits noms même affectueux.
Entre le noir et le blanc il y a toute une plage qui va du gris clair au gris foncé et qui est la plage que nous pratiquons.
Dire d'un soignant qu'il est maltraitant parce que certaines de ses actions sont maltraitantes cela revient à dire que tous les soignants sont maltraitants.
Mais il y a toute cette bientraitance qui rétablit l'équilibre et qui fait que l'on se sent bien traitant ou maltraitant.
Ces sourires que nous distribuons toute la journée, ces paroles avec lesquelles nous apaisons, cette écoute qui libère l'autre, ces soins que nous prodiguons avec délicatesse et respect.
Donc là où il y a maltraitance institutionnelle il y a maltraitance et bientraitance.
C'est l'équilibre qui en résulte et surtout les degrés de maltraitance et de bientraitance qui font l'humanitude du lieu.
Auteur : Jomey stéphane
Responsable publication soignant en EHPAD.fr