LE MATON DE L 'EHPAD (suite)
7h20 dans 10 min je prend mon service ,j'avale vite un café pendant que mes collègues finissent leurs clopes, comme à l'accoutumée chaque matin c'est la relève sur la terrasse, équipe de nuit / équipe de jour se croisent ; histoire de se motiver, on se raconte les difficultés à venir de la journée et ce qui c'est passé cette nuit, on m'annonce qu'un nouveau résident vient d'intégrer l'UPPD ; à voir les gros yeux de l'AS de nuit, je me doute que la première nuit à été difficile.
En guise d'encouragement, elle me lance " bon courage" et file se préparer.
Bizarre ce matin après avoir tapé le code de la porte principale d'entrée de l'UPPD, je n'arrive pas à pousser la porte, quelque chose la bloque derrière, j'insiste mais ça résiste, je comprends qu'un résident bloque la porte, ça commence bien ! ça y est, on me laisse entrer. Bizarre : personne devant, mon comité d’accueil habituel est absent, ou sont passées md G..,md L... ainsi que md T.... ?
J'avance, je longe une première chambre, derrière moi le bruit d'une poignée de porte que l'on maltraite, je me retourne et là je vois un homme de dos s'affairer à ouvrir la porte de sortie de l'UPPD. "Bonjour Monsieur, comment ça va ?".
Il se retourne : il me toise du regard 1 m 80 m coulé dans la masse musculaire, je fronce les sourcille et plisse des yeux, le coin droit de sa commissure des lèvres se relève, je fais un pas, pas très rassuré vers lui, il fait deux bond en ma direction, à ce moment j'ai envie de crier "momaaaan au secouuuurs" il me prend dans ses bras , et me porte l'accolade, je lui rend cette fraternité mais sur la pointe des pieds tellement ses épaules sont plus large que les miennes ! Je me détaché enfin de cette étreinte et lui tends la main, "comment ça va ? il me la saisie, sa poignée de main et franche même très franche, je m'appelle samir je suis aide soignant, comment vous appelez vous ?
Il marmonne quelque chose de pas trop clair, je crois comprendre qu'il doit rentrer chez lui pour s'occuper de ses petits, ....... , j'essaie une diversion "mais monsieur il est à peine 7h30, c'est l'heure du petit déjeuner", il me regarde avec stupeur et la je me rend compte que ma réalité, mon présent n'est pas le sien, car il arrive qu'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer se retrouve plongée dans une période de son passé, et agit en cohérence avec cette période et donc durant l'instant présent sa réalité se situe dans le passé, inutile de réorienter la personne dans notre présent, incompréhensible et angoissant pour elle, la seule solution c'est essayer de rassurer la personne, de diminuer son anxiété ; mon bras sous le sien, je l'accompagne vers la table la plus proche, le fait asseoir, lui sert un chocolat chaud et des tartines beurrées, le sourire qu'il m'adresse me fait supposer que nous allons nous entendre.
Malheureusement le cours de la journée devait me donner tort, comme la plupart des résidents de l'UPPD la porte de sortie de l'unité protégé constitue un obstacle à leur liberté et il n'avait de cesse à tour de rôle de venir vérifier que la porte était peut être ouverte mais repartais s’asseoir dans le salon, résigné, mais pour m r G... nouveau dans cette unité, la volonté de franchir cet espace était forte , il tapais avec la force de ses mains les panneaux de la porte de sortie , le bruit été fort,assourdissant au point de résonner en écho dans la petite unité , les résidents été groupé autour de lui, ils avait trouvé un leader , il cristallisait à lui tous seul une volonté collective , j'été désemparé , mon binôme une autre AS assez fluette, me fait hola la la de la main, elle compte sur moi , mais moi je n'ai pas forcément la solution ni la formation pour ce genre de situation, et si je me prend un coup de poing ,
j'ai vécu une situation assez traumatisant dans un autre UPPD d'un ehpad ,un résident assez agressif envers le personnel m'avait scotché au mur ,je commencé dans ma tête à compter le nombre de jours AT qu'il me faut pour guérir , je n'ai due mon salut que grâce à l'intervention de l'IDEC qu'il lui à mis un plat de la main sur le visage afin qu'il dessert ses doigt de mon cou , ce fut radical . après cette épisode j'ai donné ma démission , et voila que je dois à nouveau intervenir dans une situation dont je ne connais pas l'issue, allez j'y vais,je me jette ,je m'interpose entre la porte et les résidents , un brouhaha indescriptible, des insultes, des poing fermés ,des visages serré, ils m'entourent, demandes des comptes, les raisons de leurs présences ici, je leurs adressent un visage coupable, rempli de regret , je temporise je ne peux rien faire messieurs dames, a mon niveau, on va demander une réunion , des explication a la direction, ils sentent que je suis de leurs côté,que je les comprend , d'ailleurs moi aussi je suis là, enfermé comme eux , je leurs proposent de téléphoner à tours de rôle à leurs familles , il acceptent enfin , une lueur d'espoir dans leurs yeux, le premier à s'emparer du tel c'est messieurs A..... à l'autre bout du fil sa fille sur paris , allô B..... c'est ton père , je suis à Draguignan au commissariat ,il m'ont pris mes papiers et ne veulent pas nous laisser sortir , s'ensuit des explications de la part de sa fille ,
Messieurs A ....lui demande de venir le chercher , sa voiture est à la fourrière, elle lui demande de me passer le combiné, je me confond en excuse, j'explique la situation ,elle me rassure , me conforte dans mon idée de faire teléphoner son père afin de rassurer se dernier, bien sur en cas de nécessite, m'encourage , me remercie ,et raccroche , j'appelle l’infirmière afin de le calmé avec quelque goutte de tiapridal, les autres résident en abandonné, dépité assis attendant le déjeuner , sauf le nouveau, Mr G...... qui s'en prend à présent à la baie vitré , essayant de la franchir, tel un métronome tape une première fois la tête sur la vitre ,recule , tape la tête sur la vitre, recule , je vole à son secours l’oriente vers le long couloir de l'unité ,ouf...! je m'assied enfin, un peu de calme ma collègue me fait remarquer que tous se sont assis sans respecter le plan de table qu'importe à leurs places j'en aurais marre d’être assis continuellement à la même place à table.
Le déjeuner se passe plutôt bien, notre chef cuisinier est un vrai chef, il confectionne de véritable plat pour gastronome , goûteux , bien présenter , diversifier , les résidents apprécient d’ailleurs je me demande si ce n'est pas la seule chose qu'il apprécie de cet unité qui est plutôt bien décoré et chaleureuse , car à chaque fois c'est dans un silence réglé et religieux,que les résidents se mettent à table sans aucune sollicitation de la part du personnel aussi bien pour le déjeuner que pour le dîner de 19h sauf pour le nouveau mr G....qui continue à déambuler entre les tables .
A chacun de ses passages je lui tend un sandwich (deux tartines avec du jambon ) , puis un autre avec du fromage , il apprécie mais avale trop vite , je m’aperçois qu'il à du mal à déglutir, ses yeux devienne hagard, ses main se portent a son cou , son teint deviens rouge, il s'affaisse de tous son poids ,je me précipite vers lui met un doigt dans sa bouche pour tenter de récupérer ce qui bloque je ne sent rien, vite la méthode Heimlich , je le met assis au sol , c'est dans ces situation qu'on s’aperçoit vraiment que c'est difficile de passer de la théorie à la pratique , dans notre formation on nous à enseigne et présente cette méthode comme pouvant sauver une vie à la survenue d'une fausse route et je suis sur que beaucoup de soignants angoissent un petit peu à l'idée d’être confronter un jour à cette situation et de la façon dont on peut la gère, prévenue l’infirmier se porta, au secours du résident avant que je puisse commencer la méthode, elle aussi enfourne le doigt dans la bouche ,avec plus de chance , retira , un amas compact de pain de mie trop vite avalé , soulagement, il se redresse, après avoir repris ses esprits ,m'adresse un clin d’œil complice , je lève les yeux au ciel et lui et lui adresse un hochement de t^éte ainssi qu'un sourire crispé, on venait d'éviter le pire, c'est comme si il nous avais fait une mauvaise blague , c'est quelqu'un ce mr G....
le reste de l’après midi le nouveau résident ,mr G..... est resté dans sa chambre confortablement installé sur un fauteuil relax à faire la sieste .
cette après midi nous recevons deux nouvelles résidentes la première arrive à 14 h , sa fiche d'entrée indique un gir niveau 4 ce qui apriori permet une prise en charge moins lourde pour le soignant, un gir 1 ou 2 c'est une prise en charge plus importante , un coup de fil m'annonce sa venue elle est là ,elle franchit la porte accompagné par son fils souriant tou les deux enfin une admission qui ne se fait pas dans la douleur, le mensonge , la culpabilisation, derrière eux l'idec , la gouvernante les escortes elles ont le sourire aussi, je serre les mains , je sourit ,je me présente, je souhaite la bienvenue dans l'unité protégé j'insiste sur unité protégé histoire de bien lui faire comprendre ou elle va séjournez , elle répond oui monsieur c'est pour mon bien que je suis là mon fils m'a tout expliqué , étonnant , une admission avec l'accord du patient c'est rare en maison de retraite, la personne âgée perçoit le placement en ehpad comme le dernier domicile , la maison de retraite n'a pas bonne presse elle sont considéré comme des mouroir, pourtant d'aprés une enquete mené par un grand groupe prive de maison de retraite auprès des résident et des familles le taux de satisfaction atteins 97% , elle est contente de découvrir sa chambre , déjà elle se sent chez elle, s'assoit sur le lit le trouve confortable , visite la salle de bain ,commence déjà à ranger ses affaires de toilette, son fils sourit ,rassuré , m'envoie un signe, le pouce relevé , fais la bise à sa mère, prétexte un rdv, promet de revenir la voir , sort de la chambre , on reste tous les deux seul, je lui demande si la chambre lui plait , lui explique qu'elle pourra l’agrémenter à son gout , elle hoche de la tête, je sens moins de motivation , je sens plus de peine , elle me demande si je peux la laisser se reposer , je lui propose de dîner le premiers soir dans sa chambre elle accepte , me raccompagne à la porte, balbutie un merci , se retourne et s'assoit sur le fauteuil , livide , résigné , abandonné , je sens que je suis de trop , inutile de parler, certaine fois il faut mieux se faire petit .
15H la deuxième résidente arrive , une grande famille l'entourent , il sont 6 à soutenir leurs mère, l'un porte les bagages, deux autre la soutiennent par les bras ,elle à des difficulté à marcher, on à l'impression qu'ils la traîne, les trois autres on apporté des meubles et des tableaux comme pour se persuader que s'est définitif qu'il ne reviendront plus en arrière on place la mère , car le domicile ce n'est plus possible , trop dangereux, elle à besoins de surveillance en continu, la difficulté avec les familles c'est que le soignant à autant d'interlocuteur que de membres , il est important de désigner le tuteur , la personnes référents afin de s'adresser à elle seuls sinon le soignant va au devant de difficulté difficilement gérable et contre productif car il règne une certaine cacophonie entre les frère , sœur, fils etc...! bref personne n'est d'accord c'est à celui qui aura le dernier mots celui ou celle qui culpabiliseras le plus et qui fera le plus de bruit pour attirer l'attention , donc c'est avec une certaine méfiance que je vois arriver cette nouvelle famille , d’ailleurs il n'ont pas besoin de moi , ne me salue pas, on déjà les clefs de la chambre, s'engouffre dans la futur demeure de leurs mère.
Allez je vais voir mr G..... à t il fini sa sieste , il ronfle encore , il fait une sacré sieste, la nuit sera longue pour lui, et pour l'aide soignante, c'est avec un sourire malicieux, que je quitte sa chambre sur la pointe des pieds , j'ai tellement à faire les autres résident on besoin de moi.
Cela fait bientôt 3 mois que l'UPPD est ouvert , il affiche complet déjà , le médecin coordonnateur ainsi que la psy veulent faire un bilan d'étape et il me sollicite pour un entretien, que leurs dire ? qu'il faut supprimer les UPPD, qu'il faut au préalable une réflexion de toute l'équipe avant de placer un résident en unité fermé ,qu'il faut réévaluer la contention architectural au même titre que la contention physique ,non, non, c'est tellement plus simple d'y mettre des résidents qui ont manifesté leur désir de fugue, ceux qui ne doivent pas altéré l'image de marque de la structure ,ceux qui crie toute la journée , ou qui dérange , dans la majorité des ehpad les unité protégé sont devenue des fourre tout , on y met aussi bien des accueil de jours instable , ceux qui veulent fuguer , ceux qui deambule un peu trop, ceux qui ont un comportement pathologique agité a l'instar des étages ou les résidents, plus calme, présentable font la promotion et représente l'image de l"ehpad, heureusement cette politique n'a pas lieu dans mon ehpad mais ca viendra c'est inéluctable , cela ce passe ailleurs alors , fataliste , moi....! vous plaisantez ,réaliste peut être .
En lisant les transmission ce matin , je découvre que mr G..... à fait des dégâts cette nuit il aurait décrochez la bouteille incendie décrochez des cadre, tirez les cheveux de l'aide soignante de nuit et lui aurait même mis un coup de poing ,tous et consigné en noir et blanc , cette fois le médecin co n'a pas d'autres solution que de l'envoyer vers un centre psychiatrique ,l'UPPD n'est pas la solution pour mr G
L'ennui en maison de retraite est une chose assez fréquente , le personnel soignant épuisé après les toilettes du matin n'ont pas la force ni la motivation de faire de l'animation jusqu'au déjeuner, alors les résidents somnolent sur leurs chaises, baillent , ou ont le regard perdu dans le vide , on s'ennui vraiment avec cette deuxième partie de la matinée en EHPAD.