Elle comprend et parle parfaitement le français. Pourquoi ne s'exprime-t-elle pas dans notre langue ? Est-ce lié à la maladie ? Parle-t-elle de ses souvenirs ?
Un jour, j'aperçois un monsieur à ses côtés. Je me présente ; j'apprends qu'il est son fils. Satisfaite de pouvoir rencontrer un membre de sa famille, je lui fais part du comportement verbal de sa mère et, hélas, de mon incompréhension de la langue turque.
J'entame un dialogue avec lui, serein, et lui demande de m'aider en lui expliquant que ce serait bien de traduire les propos de sa mère afin de mieux cerner ses besoins et de les satisfaire dans la mesure du possible. Mon souci est de pouvoir lui apporter réconfort et apaisement.
Je souligne le mot répété inlassablement et les pleurs qui terminent son discours. J'essaie de lire sur son visage, ce qu'elle ressent, ses expressions afin de déceler un indice mais en vain.
Son fils très compréhensif et attentif au problème de communication avec sa mère décide de revenir très tôt et d'attendre le discours afin de m'aider dans mon rôle.
Quelques jours après, il revient et m'appelle. Il m'apprend que sa mère nous insultait et invoquait Dieu plusieurs fois pour lui venir en aide et pleurait à la suite de cet appel.
Comment faire pour arriver à communiquer avec elle ? Comment créer une relation de confiance ? Quelle attitude adopter ?
Le problème de Mme H. est soulevé en réunion pluridisciplinaire, avec l'équipe soignante. La décision est prise qu'avec l'aide de son fils, il faudra cibler quelques mots afin que l'on puisse différencier les insultes de son appel au secours à Dieu.
L'objectif est d'apporter à Mme H., en français puisqu'elle le comprend, des mots pour la rassurer et la réconforter dans ses moments de déprime.
— Quant aux insultes...
Serait-ce une façon d'exprimer son mécontentement, son mal-être sur sa situation de vie d'aujourd'hui ?
Depuis cette prise en charge et grâce à l'aide de son fils, je suis plus à l'écoute ciblée et j'essaie de lui apporter un accompagnement plus rassurant dans son environnement et plus réconfortant moralement
Dianne Frémont
étudiante IRTS