Un après-midi, après le repas, ils se retrouvent dans le salon et échangent des gestes tendres. Une dame âgée, assise non loin d'eux, surprend un « baiser furtif ».
Elle se dirige rapidement vers l'A.S. qui est là et lui dit: « oh, ils peuvent pas faire ça ailleurs, c'est dégoûtant et c'est plus de leur âge ».
Le couple l'entend et Mr V. répond : « et alors, si on s'aime... » La personne partira en bougonnant. Je passe à ce moment là et je vois ce qu'il se passe. Je souris intérieurement. Je me pose quand même la question : «pourquoi y a-t-il un âge où les manifestations de la tendresse sont indécentes?>'
Il est vrai que ces 2 personnes vivent leur bonheur sans se rendre compte de ce qu'elles renvoient aux autres comme manques.
Ceci dit, elles vivent dans des chambres séparées où elles ne peuvent monter parce que le ménage a été fait. Alors où est l'espace privé - intime qu'on leur accorde ?
D'autre part, cette tendresse chez les adultes renvoient, clairement ou non, à leur sexualité qui peut aboutir. Comment envisage-t-on chacun (résident - soignant) la sexualité des personnes âgées ?
En fonction de notre ouverture d'esprit : on l'imagine plus ou moins, avec plus ou moins de tolérance. La sexualité chez la personne âgée est
- vécue comme une obscénité par leurs pairs et par les plus jeunes aussi...
Pourquoi cette barrière ? Dans l'établissement, il n'y a pas de chambre pour couple. C'est cela qui engendre que la tendresse de Mr V. et Mme L. soit étalée, au vu et au su de tout l'établissement.
Ceci est (<dangereux » pour leur épanouissement, pour ce que cela peut provoquer comme agressivité chez le personnel désemparé (une A.S. a séparé leurs mains jointes une fois) et chez les résidents agacés, gênés ou jaloux aussi peut-être.
C'est à l'établissement d'accueil de réfléchir à l'épanouissement relationnel, amoureux, sexuel des personnes âgées qu'il accueille. Aimer est un droit légitime qui ne vise pas qu'une catégorie d'âge.
La Maison de Retraite est un lieu de vie et l'Amour n'est-il pas un des moteurs de la Vie ?
Alors à nous personnel, direction, de réfléchir à ce qu'on permet ou non de l'expression de l'Amour.
Dianne Frémont
étudiante IRTS