Je suis assez surprise de cette attitude. Je le laisse s'éloigner. Je demande à ma collègue si elle comprend ce qu'il se passe. Elle me répond que depuis 2 jours, il est comme cela avec tout le monde.
A la fin du repas, je vais le rejoindre dans sa chambre. Il est allongé et calmé. Je lui demande ce qui ne va pas. A ce moment-là, il baisse la tête et me dit: « Mon ennui me pèse,
je n'en peux plus ici. Je ne vois plus le bout de la journée. Je ne me supporte plus et je supporte encore moins les
autres. »
La détresse de Mr T. est nette. Avant d'arriver à la Bastide, il se promenait, rencontrait du monde, faisait « un petit boulot » dans un bistrot.
Tout cela en étant résident dans son ancienne maison de retraite. Je me dis qu'il y a quelque chose à faire.
Je décide d'en parler à l'équipe pour que nous trouvions ensemble une solution. Mr T. a toujours été très actif.
L'équipe réfléchit à lui proposer des petites occupations dans l'établissement (distribuer du courrier, faire du jardinage, signaler les petits manques matériels de la Maison de Retraite). Mr T. est très habile de ses mains.
Cela le revaloriserait puisque, pour l'instant, il ne veut pas participer aux animations de groupe.
Nous pourrions le préparer à se familiariser aux autres.
Apparemment, il n'a pas de liens car il a perdu ses repères (il a été placé là parce que son ancienne résidence fermait ; ses amis ont été dispersés ; il ne les voit plus et ne sait pas où les contacter).
En participant à quelques sorties de groupe très restreint (cinéma, musée, piscine), cela pourrait peut-être lui faciliter la tache.
L'équipe décide aussi d'aller le voir à tour de rôle pour discuter. Il aime cela. Plus tard, et la direction accepte, nous aimerions lui proposer d'aller faire des courses d'appoint pour les uns ou les autres à la superette du coin (il se repère très bien).
Ce projet de vie ajusté à son malaise pourrait être mis en place rapidement. Nous allons en discuter avec lui car l'équipe veut vraiment l'aider à se sentir mieux dans la Maison. Nous allons le consulter aussi pour voir s'il a des idées à nous soumettre.
Peut-être a-t-il envie de revoir ses amis, les rechercher ?
On ne peut pas laisser une personne déprimer à cause d'un manque d'adaptation du projet de vie.
Nous allons réfléchir avec lui sur plusieurs « pistes » afin qu'il puisse retrouver un équilibre psychique et qu'il puisse se projeter dans des situations qu'il aime.
Nous allons lui demander de cerner ce dont il a envie pour que le projet soit le plus près de ce qu'il attend.
Dianne Frémont
Étudiante IRTS