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La regression

LA REGRESSION

Dans le cadre de ma formation d’AES (Accompagnant éducatif et social) en voie directe, j’effectue mon second stage au sein d’un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées) et principalement en secteur médico-psychologique  protégé dit : CANTOU (Centre d’activité Naturelle Tirée d’Occupations utiles), accueillant 20 personnes présentant une démence d’Alzheimer ou maladies apparentées.

Dans ce service j’ai fait la connaissance de Mme B. dame de 85 ans entrée dans l’établissement en Juin 2010. Mme B. présente une maladie d’Alzheimer au stade sévère.

Selon la psychologue de l’établissement la MMS (Mini-Mental-Score) est irréalisable du fait d’une détérioration cognitive trop sévère. La MMS est une évaluation rapide de l’état cognitif (d’orientation, apprentissages, attention et calcul, langage).

Mme B. était aide soignante, a élevé seule son fils unique. J’ai rencontré une de ses ancienne voisines qui la décrit comme une personne conviviale, communicative, amusante et aussi émotive.

Mme B. du fait de sa pathologie sévère, présente des troubles du langage important, celui-ci est très confus, constitué essentiellement de mots jargonnés. Par contre, cette résidente reste très sensible et réactive à la communication non verbale, notamment au regard au toucher. 

Lors de nos première rencontres Mme B. accepte facilement nos échanges elle est avenante voire drôle. Ainsi pour communiquer avec elle j’ai essentiellement utilisé la stimulation par le regard, le touché pour capter son attention. Il me semble que nos échanges peuvent  sembler incohérents, mais à moi ce contact me semble très important pour elle.

Depuis quelques semaines l’état de Mme B. s’est  détérioré sur le plan psychique et comportemental, elle passe beaucoup de temps à pleurer et a des phases d’agressivité, elle jette au sol tout ce qui est à portée de mains. J’ai tenté de passer plus de temps à ses côtés, en lui tenant la main. J’ai essayé de calmer son angoisse. Malgré l’incohérence de ses propos, ces échanges m’ont semblés avoir un effet positif sur son humeur.

Suite à la réunion avec l’équipe pluridisciplinaire le médecin traitant a décidé d’adapter son traitement dans le but d’apaiser son anxiété et les troubles du comportement associés. Suite à la mise en place de ce traitement Mme B. avait de rare moments de d’accalmie où elle semblait moins angoissée indépendant d’une présence ou non à ses côtés.

Le fils de Mme B. est très présent aux côtés de sa mère depuis son entrée dans la structure et encore plus depuis la dégradation récente de celle-ci. Il vient notamment souvent aux moments des repas Pour lui la phase que traverse sa mère est plus difficile à accepter encore que la maladie. Je l’ai rencontré à plusieurs reprises, dans nos nombreux échanges , il a pu m’expliquer que les repas ont toujours été des moments importants pour sa maman. Il m’a aussi confié être totalement démuni face à la souffrance et l’angoisse de sa mère. Il supporte mal de la voir pleurer constamment sans pouvoir comprendre les raisons.

            Moi-même je me suis demandé si un tel comportement reflétait plus de la douleur physique et/ou psychique pouvant éventuellement refléter une prise de conscience de Mme B. par rapport à son état, sa contention au fauteuil roulant alors qu’auparavant elle aimait « déambuler » dans le couloir et le patio?

            * Mme B. ressent-elle des douleurs qu’elle ne peut exprimer ?

            * Pour tenter de soulager Mme B. de cet état d’angoisse, nous l’incitons à se joindre au groupe lors des animations telles qu’écouter de la musique douce, participer aux divers jeux…

Ces échanges au sein du groupe permettent peut être à Mme B. de se changer les idées.

A ce jour 2 mois après le début de cette étude, l’état de Mme B. s’est encore détérioré elle a subi d’autres examens médicaux, il s’avère qu’elle est probablement atteinte d’un cancer du pancréas. Un traitement antalgique à base de morphine a été mis en place très rapidement mais Mme B. est toujours très angoissée et pleure toujours autant.

Dianne Frémont

étudiante IRTS

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