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Les Gifles

Il est 19 heures. Je suis dans la salle à manger du Foyer de Vie où je fais mon stage depuis 15 jours.

Je suis entourée du groupe des résidents, jeunes adultes handicapés mentaux. Il y a 4 femmes et 4 hommes dont Mr L.

Nous allons dîner.

Tout à coup, Mr L. se met à gifler violemment sa voisine de table.
Celle-ci surprise, fait un bon en arrière, hurle et quitte la table.
 
Les autres résidents commencent à s'angoisser et à crier eux aussi. Un peu paniquée, je me dirige rapidement vers Mr L. et lui demande de s'arrêter.
Je calme les autres résidents.
La jeune femme qui a reçu la claque vient se placer près de moi.
Quelques instants plus tard, Mr L. recommence à gifler son autre voisin de table.
Le même scénario se produit.
Là, je me mets en colère et explique à Mr L. que ce qu'il fait est inadmissible.
Sur ces entrefaites, l'éducateur qui s'était absenté accoure et s'inquiète de ce qu'il se passe.
 
Avant que je n'aie eu le temps de lui expliquer, Mr L. essaie de reproduire la même scène.
L'éducateur stoppe sa main, l'aide à sortir de table et lui demande d'aller se calmer dans sa chambre.
Après quelques mots réconfortants aux autres résidents, nous terminons notre repas.
Je reste un peu choquée de l'attitude de Mr L. C'est une personne qui présente une psychose infantile provoquant des troubles du comportement (colères aiguës chroniques ou mutisme prolongé). il n'a pas de langage structuré, comprend ce qu'on lui demande mais ne répond que par «oui» ou « non ».
C'est un grand gaillard imposant. Il joue de sa force et impressionne les autres.
Je discute de tout cela avec l'éducateur et je me demande s'il est bon de laisser Mr L. avec les autres car il les terrorise.
En même temps, est-ce que l'isoler sert vraiment dans sa pathologie ?
Je me demande si le fait que les autres parlent correctement ne le gêne pas.

En les frappant, il sait qu'on va le renvoyer dans sa chambre et ainsi, il va retrouver SON silence.

Je me pose des questions sur ce qu'il réalise ou non. L'éducateur le connaît depuis un moment et me dit que Mr L. agit souvent comme cela mais qu'en ce moment, c'est quand même plus fréquent. Peut-être est-ce lié au fait qu'il m'ait laissée seule plusieurs fois dans la semaine car il me faisait confiance.

Il pense que Mr L. a eu un comportement plus violent peut-être aussi pour tester mes réactions.

En réunion d'équipe, nous en parlons. L'éducateur raconte ce qu'il s'est passé.
Chacun réfléchit aux éventuelles raisons qui permettraient de comprendre l'attitude de Mr L.
Ceci dit, d'autres membres du personnel relèvent l'aggravation de la violence de Mr L. Le médecin psychiatre qui est là propose de refaire un bilan complet de Mr L.
 
Chacun est invité à apporter ses observations et réflexions pour pouvoir cerner au plus près ce qu'il se passe et peut-être ajuster son traitement.
L'équipe est inquiète de l'équilibre de vie de l'Unité et (<embêtée)> de voir Mr L. se comporter ainsi car cela veut dire qu'il ne va pas bien.
 
Au fil des jours, chacun fait ce qu'il peut pour l'aider. Moi, je suis contente de voir comment on peut travailler correctement en équipe, dans l'échange et la confiance.

 

Dianne Frémont 

Étudiante IRTS

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