Erreur médicamenteuse

Définition

L’Afssaps a défini l’erreur médicamenteuse

« Dans le domaine de la santé, l’erreur médicamenteuse est l'omission ou la réalisation non intentionnelle d'un acte survenu au cours du processus de soins impliquant un médicament,qui peut être à l’origine d’un risque ou d’un événement indésirable pour le patient.

Commentaires : L’analyse aposteriori de l’erreur permettra de la caractériser et de la qualifier par sa nature, son type, la gravité de sesconséquences cliniques pour le patient, l’étape de réalisation dans la chaîne de soins.

L’erreur peut trouver sa source dans une mauvaise conception du médicament et de l’information qui lui est relative (confusion de dénomination, conditionnement inadapté, problème d’étiquetage ou de notice d’information, etc.), ou dans l’organisation systémique du processus de prise en charge thérapeutique du patient (organisation du circuit du médicament, facteurs humains, facteurs environnementaux, pratiques professionnelles, etc.) ».

L’erreur médicamenteuse est évitable lorsqu’ elle manifeste ce qui aurait dû être fait et qui ne l’a pas été au coursde la prise en charge thérapeutique médicamenteuse d’un patient (18).

Lorsqu’elle survient, il est indispensablede la reconnaître et donc de la signaler

Elle est réalisée à partir d’une prescription médicale et dépend en premier lieu de la qualité de celle-ci.

La prescription médicale est avant tout écrite, datée et signée par le prescripteur ; elle peut également faire l’objet de protocoles thérapeutiques.

Puis la dispensation est réalisée pour renouvellement des stocks de la dotation à partir de prescriptions.

Le processus de l’administration se décline lui-même en 5 sous processus également générateurs de risques :

1. Réalisation de la préparation extemporanée du médicament à partir d’une prescription médicale oud’un protocole thérapeutique,

2. Vérification des concordances entre le produit, le patient et la prescription,

3. Administration proprement dite du médicament,

4. Enregistrement de l’administration,

5. Surveillance du patient.

l’étape d’administration des médicaments peut être l’étape initiale de survenue d’une erreur médicamenteuse.

Cette étape est la plus sensible car les moyens de détection d’une erreur médicamenteuse sont les moins nombreux et les plus difficiles à mettre en oeuvre.

L’administration est une étape cumulant les risques liés aux étapes précédentes de prescription et de dispensation ; en ce sens, elle est la dernière étape pour mettre en oeuvre une barrière ultime d’interception.

 

           

Prescripteur Pharmacien

Préparateur en

pharmacie

Infirmier

Aide

soignante

Patient

Prend une décision thérapeutique

Prescrit les médicaments

selon la conformité à la églementation,aux référentiels scientifiques actuels et demanière adaptée à l’état du patient

Finalise la prescription

par la rédactiond’une ordonnance,enregistre

sa prescriptiondans le dossierdu patient

Informe le patient ets’assure de son consentement lecas échéant écrit

Évalue l’efficacitédu traitement et sa bonne tolérance

Réévalue la balance bénéfices/risques

Analyse et valide la prescription

Emet une opinion au tant que de besoin

Prépare et fabrique les médicaments en tant que de besoin

Délivre les médicaments en s’assurant de la maîtrise des stocks

Assure la mise à disposition des informations écessaires au professionnel de santé et au patient

Prépare et fabrique les médicaments sous le contrôle effectif du pharmacien

Délivre les médicaments sous contrôle effectif du pharmacien

Participe à la gestion des stocks

Vérifie la prescription

Prépare les doses à administrer extemporanément

Réassort le stock

Vérifie la concordance entre la prescription,le médicamentet le patient

Informe le patient et obtient son consentement

Administre les médicaments au patient

Enregistre l’acte d’administration

Suit les effets attendus et les réactions éventuelles

Aide à la prise sous la responsabilité del ’infirmier(ère)

Informel’infirmier(ère) de toute modification d’état du patient

Participe au maintien de l’autonomie et à l’éducation du patient

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Informe les précédents acteurs de ses traitements habituels pour conciliation

Communique les enseignements relatifs à ses facteurs de risque et allergiesc onnues

S’informe sur son traitement et les effets indésirables éventuels

Observe les indications de bon usage du médicament

Participe en tant que partenaire de sa prise en charge médicamenteuse

L’acte d’administration est réalisé majoritairement par le personnel infirmier ;

d’autres professionnels sont concernés selon leurs domaines d’activité.Les activités du personnel infirmier sont définies aux articles R. 4311-1 à 15 du CSP et les textes relatifs à l’exercice de la profession, ainsi que l’arrêté du 31 mars 1999 relatifs à la prescription, à la dispensation et à l’administration des médicaments soumis à la réglementation des substances vénéneuses.Par ailleurs, dans le cadre de son rôle propre et selon l’article R. 4311-5 du CSP, l’infirmier(ère) :

« Alinéa 4º : aide à la prise des médicaments présentés sous forme non injectable,

Alinéa 5º : vérification de leur prise,Alinéa

6º : surveillance de leurs effets et éducation du patient. »Sous la responsabilité de l’infirmier(ère) (Article R. 4312-14 et Article R. 4311-4 du CSP), l’aide soignant(e), lesauxiliaires de puériculture ou les aides médico-psychologogiques, aident à la prise de médicaments noninjectables.

En l’absence du médecin, l’infirmier(ère) est habilité(e) après avoir reconnu une situation comme relevant del’urgence ou de la détresse psychologique, à mettre en oeuvre des protocoles de soins d’urgence préalablementécrits, datés et signés par le médecin responsable (article R. 4311- 14 du CSP).

Lors de ses stages, l’étudiant infirmier est pleinement intégré au milieu professionnel, à tel point qu’il estreconnu légalement habilité à exercer la profession.

L’article L. 4311-12 CSP précise notamment que« l’exercice de la profession d’infirmier est permis aux étudiants préparant le diplôme d’Etat pendant la durée deleur scolarité, mais seulement dans les établissements ou services agréés pour l’accomplissement des stages ».

Deux situations sont identifiées : seule la responsabilité de l’étudiant est retenue si celui-ci a la compétence technique et professionnelle nécessaire pour réaliser les actes, en revanche, si celui-ci est en cours d’apprentissage d’une technique, sa responsabilité ainsi que celle de l’infirmier référent est engagée.

L’infirmier référent ne doit confier à l’élève que des actes qui correspondent au degré d’autonomie acquis.

Ce degré d’autonomie dépend de la personnalité de l’élève, des enseignements reçus, de son expérience et des risques inhérents à l’acte.

En application de l’article R.6153-51 du Code de la santé publique :

« Les étudiants en médecine mentionnés à l'article R. 6153-46 participent à l'activité hospitalière sous la responsabilité des praticiens responsables des entités où se déroulent la formation mentionnées à l'article L. 6142-5, auxquelles ils sont affectés ou, le cas échéant, sous la responsabilité des chefs des services ou structures analogues des établissements ayant passé convention en application de l'article L. 6142-5.

Ils exécutent les tâches qui leur sont confiées par leresponsable de l'entité où se déroule la formation dans laquelle ils sont affectés, à l'occasion des visites etconsultations externes, des examens cliniques, radiologiques et biologiques, des soins et des interventions.

Ilspeuvent exécuter des actes médicaux de pratique courante ; ils sont chargés de la tenue des observations et sontassociés aux services de garde. Ils participent aux entretiens portant sur les dossiers des malades et suivent les enseignements dispensés dans l'établissement de santé. »

Prévenir les erreurs médicamenteuses liées à l’administration

Cette règle évolutive est un outil pédagogique deprévention, qui doit guider chaque action réalisée lors del’administration des médicaments.

L’une des conditions de réussite de la mise en oeuvre decette règle, consiste à limiter les interruptions dans lestâches réalisées par les infirmières

5-b-1.jpgLe Bon patient

S’assurer que le bon médicament va être administré au bon patient :vérifier l’identité du patient lors de chaque administration.

connaître la procédure en vigueur dans votre établissement en cas d’homonymie.

utiliser 2 identifiants.

  si l’état du patient le permet, lui demander de se présenter (ses nom, prénom et date de naissance).

  si l’état du patient ne le permet pas, d’autres moyens peuvent être utilisés, comme le braceletd’identification, la photo dans certains secteurs, etc.

 

Le Bon médicament

S’assurer de donner au bon patient, le médicament prescrit.

la prescription doit être rédigée pour le bon patient ;

elle est lisible et conforme aux exigences réglementaires.

  prendre le temps de lire de façon attentive l’étiquette, notamment lors des 3 vérifications successives :

  • au moment de la collecte du médicament dans le stock du service (armoire, chariot, etc.),
  • au moment de la préparation (reconstitution, pilulier),
  • et juste avant de donner le médicament au patient dans sa chambre.

 

La Bonne dose

S’assurer d’administrer la bonne concentration, dilution, dose du médicament prescrit.

vérifier les calculs de dose réalisés et si besoin faire vérifier par un autre professionnel.

L’infirmier(ère) doitconnaître les doses « habituelles » des médicaments.questionner le prescripteur ou le pharmacien lorsque la dose prescrite diffère de la posologie habituelle.

  la dose prescrite est adaptée au patient (enfant, personne âgée, insuffisant rénal, etc.).

une attention particulière est portée lors des calculs de dose et de dilution.

  faire une double vérification en cas de doute sur les calculs et systématiquement pour certains médicamentsconsidérés à risque et certains secteurs.

 

La Bonne voie

S’assurer d’utiliser la voie prescrite.

  s’assurer que la voie est appropriée et sécurisée.

  les abréviations sont connues et formalisées dans une fiche d’instruction.

  demander confirmation pour certaines voies très à risque (intrathécale en particulier).

 

Le Bon moment

Certains médicaments sont administrés à certaines heures et fréquences spécifiques.

S’assurer que l’administration est réalisée au bon moment :

  selon les besoins du patient et tenter de concilier « son bon moment » avec les contraintes liées au traitement.

  selon les contraintes pharmacocinétiques propres à chaque médicament.

L’état de la personne âgée se caractérise par plusieurs pathologies associées (selon la DREES,les personnes âgées en établissement de santé souffrent en moyenne de 7 pathologies) quis’accompagnent souvent de fonctions cognitives altérées et d’incapacités dans la vie quotidienne(audition, vue, moteur).

Les troubles de déglutition et/ou du comportement, fréquents en gériatrie gênent l’administration des médicaments.

L’incidence des effets indésirables augmente exponentiellement avec le nombre de médicaments administrés.

application 

Principaux enjeux Le bon médicament :

choisir la bonne forme galénique adaptée à l’état du patient en gériatrie est un en jeu majeur du fait des troubles fréquents de déglutition et des difficultés de maniement des médicaments lorsque le patient s’administre lui-même ses médicaments. Le bon moment : respecter le délai entre deux administrations d’un même médicament pour un même patient et les conditions d’administration par rapport aux repas. Le bon patient : rester vigilant sur l’identité du patient malgré sa présence au long cours ; vérifier l’identité pour tous les patients et s’assurer de la correspondance avec l’identification du médicament.

La bonne surveillance :

prendre en compte la sensibilité accrue des personnes âgées aux effets des médicaments.

Éléments contributifs majeurs


 Prévalence importante des prescriptions médicamenteuses en gériatrie.
 Prévalence importante des troubles de déglutition ainsi que des troubles cognitifs et/ou du comportement gênant l’administration médicamenteuse.
 Nombre important de médicaments par patient.
 Structures très hétérogènes de prise en charge des personnes âgées (court séjour, SSR, EHPAD, USLD, etc.)avec un nombre limité, voire insuffisant de soignants

Préconisations

L’hygiène porte sur

  •  Les mains.
  •  Les locaux (la chambre).
  •  Les équipements.
  •  La tenue professionnelle.

Prescription


Indiquer si le patient peut le cas échéant s’administrer lui-mêmeses médicaments prescrits Per Os, après avoir recherché préalablement un trouble cognitif ou un syndrome dépressif qui entrave l’observance, ou un trouble sensoriel ou moteur entravant le maniement des médicaments,

  • Indiquer sur la feuille de prescription le poids et la clairance estiméede la créatinine,
  •  Adapter la posologie,
  •  Choisir la forme galénique la mieux adaptée au patient,
  •  Réévaluer régulièrement les traitements au long cours. Éducation du patient
  •  S’appuyer sur les aidants,
  •  Prendre le temps d’expliquer les modalités de prise des médicaments,
  •  Chaque fois que possible, tenir compte de l’avis du patient concernant les difficultés les plus gênantes dans sa vie quotidienne liées à la prise médicamenteuse.

 Surveillance

  •  Être attentif aux prises de médicaments.
  •  S’assurer que le médicament a bien été pris, même si le patient est autonome.
  •  Repérer les troubles de la déglutition.
  •  Assurer une surveillance accrue de l’apparition des effets indésirables.
  •  Encourager les patients âgés et l’entourage à signaler tout signe anormal ou tout symptôme inhabituel.

1. Comment éviter de me tromper de médicament ?

Il faut avant tout accepter et prendre conscience que tous les professionnels sont humains, doncfaillibles.

Quelle que soit la situation, le moment, une vigilance accrue doit être observée. En cas dedoute, il ne faut pas hésiter à consulter un autre professionnel.

Chacun des acteurs de la chaîne (leprescripteur, le pharmacien, le patient..) est engagé individuellement et collectivement.

Et la vérification, bien qu’elle soit souvent implicite (souvent par habitude), est une action sur laquelle on doit s’arrêter.

2. Quel est le rôle d’une Aide-soignante dans l’administration des médicaments ?

Dans un établissement sanitaire (hôpital et/ou clinique et HAD), l'activité d'aide à la prise de médicaments non injectables peut être assurée sous la responsabilité de l’infirmière avec la de la Santé Publique, décret 2000-844 du 31 août 2000).

L’aide soignante participe également à la surveillance du patient et en informe l’infirmière.

3. Quelles sont les principales erreurs lors de l’administration des médicaments ?

La plus grande partie des erreurs vient d’un problème de :- confusion, en raison de ressemblance pour des médicaments ayant une phonétique similaire(consonance) et du risque de ressemblance d’un produit (soit lié à son nom, à son conditionnementprimaire ou secondaire et /ou à l’étiquetage) ;- de perception, notamment lors de la lecture de la prescription médicale (utilisation de décimaleset/ou d’abréviations) ;- des erreurs de spécialité (médicament, dose unitaire ou concentration) ;- des erreurs lors de la reconstitution extemporanée, notamment lors du calcul de dose…

4. J’ai failli faire une erreur d’administration, dois je la déclarer ?

Tout événement qui a pu être intercepté et/ou récupéré, doit être en effet signalé.Plusieurs intérêts :- comprendre les causes à l’origine de la situation ;- rechercher les barrières qui ont ou n’ont pas fonctionné ;- en tirer les enseignements pour l’ensemble des professionnels concernés ou pas par la situation, etproposer des actions d’amélioration.

5. C’est quoi un médicament à risque ?

Tous les médicaments sont potentiellement dangereux, mais certains d’entre eux, en cas d’erreur,auront des conséquences encore plus graves que les autres sur le patient. Pour cette raison, ilsentrent dans la catégorie dite « à risque » afin d’attirer l’attention sur leur utilisation.

6. Qu’est-ce qu’une double vérification indépendante ?

La double vérification consiste à faire vérifier par un autre professionnel de façon indépendantecertains actes afin de prévenir et détecter une erreur éventuelle. Elle n’a pas pour objectif de remettreen question les compétences professionnelles. Au contraire, elle vient en renfort dans unenvironnement de travail complexe et stressant. Il ne s’agit aucunement de faire des doublesvérifications sans réflexion ; il faut par exemple commencer par certains processus à risque, voire desmédicaments à risque…

7. Comment mettre en oeuvre une double vérification indépendante ?

1. L’institution doit d’abord définir sa politique de double vérification (quels médicaments, processus,services…)

2. Proposer des outils aux professionnels comme une liste de vérification à cocher ; tester les outils avec les professionnels afin de pouvoir les adapter au contexte.

3. Former le personnel, et notamment fournir les explications sur l’objectif de cette double vérification.

4. Informer et associer si besoin le patient

8. Quelles sont les règles de sécurisation essentielles à retenir ?

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(source HAS guide outils de sécurisation et d’autoévaluation de l’administration des médicaments le 08/12/2011 19:38:11)

 

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Erreur médicamenteuse

La gestion des erreurs médicamenteuses, quel que soit le mode de prise en charge du patient, représente un enjeu majeur dans l’organisation des soins.
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