Etre responsable signifie assumer les conséquences de ses actes. Ces conséquences peuvent être morales, physiques, financières. La personne qui a subi des préjudices suite à l’intervention de quelqu’un peut engager différentes responsabilités juridiques :
- la responsabilité civile ou administrative (tribunal civil)
- la responsabilité pénale (tribunal pénal)
- la responsabilité disciplinaire (statut ou règlement intérieur)
La responsabilité civile ou administrative :
On parle de responsabilité civile pour les soignants exerçant dans le secteur privé et responsabilité administrative pour ceux exerçant dans le secteur public.
L’objectif poursuivi par ces responsabilités est la réparation du préjudice subi par le patient.
On parle de responsabilité réparatrice (versement de dommages intérêts).
La Responsabilité civile, c’est l’obligation que nous impose la loi de répondre, vis à vis de tiers, du préjudice causé soit personnellement, soit par des personnes qui sont sous notre dépendance ou des choses qui nous appartiennent (art. 1384 du code civil ).
Dans notre vie privée, chacun est responsable de ses actes et doit en répondre éventuellement devant la justice. Dans notre vie professionnelle, le fait d’être soumis à l’autorité de l’employeur, c’est ce dernier qui devient responsable au civil des actes de ses salariés.
Les conditions d’engagement :
Pour que la responsabilité civile soit engagée trois conditions doivent être remplies :
- L’existence d’une faute commise par le soignant. La faute peut se définir comme un comportement anormal. Une faute peut être volontaire ou involontaire. Seules ses dernières peuvent être reprochées au soignant. Les fautes volontaires restent de la responsabilité du soignant et relèvent souvent du pénal.
- L’existence d’un préjudice subi par le patient. Il peut être moral, physique, financier, d’agrément
- L’existence d’un lien de causalité. C’est le lien de cause à effet. Pour que la responsabilité du soignant soit engagée, il faut que ce soit sa faute qui est à l’origine du préjudice. C’est la réunion simultanée de ces 3 conditions qui engage la responsabilité.
Les indemnisations :
Bien qu’ayant commis une faute, ce n’est pas le soignant qui paye les dommages intérêts demandés par le patient. C’est son employeur, privé ou public, qui le fera ou plutôt son assureur.
En effet depuis la loi du 4 mars 2002, les établissements de santé publics sont tenus de souscrire une assurance qui couvre les actes de leurs salariés agissant dans la limite des missions qui leur sont confiées.
L’assurance paye sans pour autant pouvoir se retourner contre le soignant, sauf cas de malveillance ou de faute volontaire (maltraitance, destruction volontaire...).
la responsabilité pénale
L’objectif de la responsabilité pénale n’est pas la réparation d’un préjudice subi mais la punition, la sanction de celui qui a commis le dommage. On parle ici de responsabilité punitive. Le patient ne demandera pas de réparation financière mais la punition du soignant. L’une des sanctions pénales étant l’emprisonnement assorti ou non d’amendes.
Très souvent le plaignant attaque au pénal car dans ce cas, il appartient à l’Etat de monter le dossier par des enquêtes policières, contrairement au civil où celui qui porte plainte doit monter son dossier et apporter la preuve de ce qu’il avance. Dans ce cas, la condamnation confirme qu’il y a bien eu faute et il est plus facile d’obtenir des réparations au civil.
Les conditions d’engagement :
Pour que cette responsabilité soit engagée, il faut que le soignant ait commis une infraction en ne respectant pas une loi, ou un règlement (décret, arrêté). C’est l’équivalent de la faute, mais l’infraction est dans ce cas un comportement décri et puni par le code pénal.
Quelques exemples : meurtre, homicide involontaire, violation du secret professionnel, viol, non assistance à personne en danger...
Pour qu’un acte soit qualifié d’infraction, 3 éléments sont nécessaires :
- Un élément légal : il faut qu’un texte de loi interdise et puni cet acte (meurtre).
- Un élément matériel : des faits prouvant qu’un acte interdit a été accompli par le soignant ou y a participé.
- Un élément moral : il faut que l’on puisse imputer l’acte à son auteur. Prouver que l’acte est volontaire et l’intention de nuire.
Pour les actes involontaires (homicide involontaire), il ne peut y avoir par définition d’intention de nuire, le législateur a donc prévu 5 critères pour caractériser l’élément moral pour ce type d’actions : l’imprudence, la négligence, la maladresse, l’inattention,et le manquement à une obligation de sécurité et de prudence imposée par la loi ou les règlements.
les sanctions :
La responsabilité pénale est une responsabilité personnelle. Celui qui a commis l’infraction sera personnellement sanctionné, personne n’assumera à la place du soignant les conséquences de ses actes. Qu’il soit condamné a de la prison ou au paiement d’une amende, c’est lui qui paiera. A ce titre, le risque pénal ne s’assure pas (sanctions au code de la route).
A noter qu’un récent texte permet l’assurance de ce risque pour les personnes morales quand il s’agit des amendes.
La responsabilité disciplinaire
La responsabilité disciplinaire est la seule qui ne soit pas engagée par un juge, car elle appartient à l’employeur privé ou public qui dispose du pouvoir disciplinaire pour sanctionner les actes estimés fautifs des salariés.
En cas d’indemnisation d’un patient suite à une faute d’un soignant, son employeur peut décider de le sanctionner disciplinairement.
L’employeur a à sa disposition une large palette de sanctions applicables selon la gravité de l’acte fautif : de l’avertissement, le blâme, la mise à pied au licenciement.
Exemple : une aide soignante qui a la charge d’une personne âgée qui a des problèmes de déglutition et qui ne l’aide pas à prendre son repas. Celle-ci fait une fausse route entraînant son décès.
La famille peut :
- soit souhaiter obtenir réparation du préjudice moral et engager la responsabilité civile ou administrative de l’aide soignante et obtenir des dommages intérêts
- soit souhaiter que l’aide soignante soit punie pour la faute commise et porter plainte pour homicide involontaire devant le juge pénal et la voir condamner à une amende et à de la prison.
- soit après avoir obtenu la condamnation pénale déposer une plainte au civil pour obtenir des dommages intérêts.
Enfin l’employeur peut estimer que cette faute constitue un grave manquement aux obligations professionnelles et sanctionner la (e) salariée.
A noter que les sanctions de l’employeur sont étroitement encadrées par la loi que ce soit dans le privé ou dans le public.
- Dans le privé : la loi prévoit une procédure pour infliger une sanction. Le règlement intérieur de l’entreprise précise les règles de fonctionnement de l’entreprise et les sanctions encourues en cas de non respect de ces règles. Sauf pour sanctions les plus faibles (observation, blâme) l’employeur doit convoquer la personne à un entretien en lui précisant le motif ; la personne peut se faire assister par un représentant syndical ou une personne de son choix. Les sanctions prises doivent être confirmées par écrit et être contestées également par écrit. Dans les cas graves, le salarié peut saisir le tribunal des prud’hommes afin de faire annuler la sanction ou la réduire. Dans le cas de fautes estimées graves ou lourdes, la sanction est le licenciement avec ou sans indemnités et préavis voire congés payés.
- Dans le cas du public : L’employeur qui veut prendre une sanction saisit la commission disciplinaire composée de représentants du personnel des divers syndicats et des représentants de la direction.. Le salarié est reçu par la commission et l’employeur qui développe le fait fautif reproché et la sanction demandée.
La procédure disciplinaire est prévue au statut des fonctionnaires et la punition est notifiée au salarié après vote des divers membres de la commission.
La punition infligée peut également être contestée dans ce cas devant le tribunal administratif.