Qu'est-ce que la gestion des risques associée aux soins en établissement de santé
Son but : organiser de façon collective, cohérente et pérenne la gouvernance et la lutte contre les événements indésirables en fonction d'un programme d'actions tenu régulièrement à jour selon les priorités et les risques spécifiques de l'établissement
Quelques définitions utiles
Événement indésirable associé aux soins (EIG) : tout incident préjudiciable à un patient hospitalisé survenu lors de la réalisation d’un acte de prévention, d’une investigation ou d’un traitement (décret n°2010-1408).
Sécurité du patient : absence, pour un patient, d’atteinte inutile ou potentielle associée aux soins de santé (OMS, CISP 2009).
Atteinte associée aux soins de santé : atteinte découlant de ou associée à des projets formulés ou à des mesures prises pendant que les soins ont été dispensés et qui ne résulte pas d’un traumatisme ou d’une maladie sous jacent(e) (CISP).
Événement évitable : jugement de valeur accepté par la collectivité compte tenu des pratiques et savoirs médicaux recommandés dans des circonstances données et à un moment donné par la communauté scientifique (CISP).
Cause immédiate : cause objective la plus immédiatement liée à la survenue de l’événement indésirable, par exemple blessure per opératoire ou chute du patient (CSIP).
Facteur favorisant ou cause profonde : circonstance, acte ou élément susceptible d’avoir participé à la naissance ou à la survenue d’un incident ou d’avoir accru le risque d’EIG.
Les facteurs favorisants peuvent être externes (l’établissement n’en a pas la maîtrise), liés à l’organisation (absence de protocoles acceptés), liés au personnel (problème comportemental d’une personne, absence d’encadrement, manque de collaboration ou communication insuffisante) ou liés au patient (facteur problématique) (CISP).
Deux grandes familles d’événements, des solutions différentes de lutte
Evénements indésirables liés à des complications évitables des pathologies.
Ces complications ont plusieurs caractéristiques communes pour la gestion des risques :
elles sont fréquentes et accessibles à des démarches épidémiologiques ; leur réduction rejoint la démarche d’amélioration continue de la qualité, l’observance aux recommandations, et l’évaluation et l’amélioration des pratiques professionnelles, à la fois pour chaque acte et pour le parcours clinique coordonné de chaque groupe homogène de patients. Ces caractéristiques permettent de comparer ses résultats avec des moyennes régionales ou nationales.
Evénements incroyables (mauvais patient opéré, mauvais côté opéré, etc).
Ces événements sont tous rares, mais contributifs d’un risque cumulé significatif.
Ils sont spectaculaires, dramatiques pour le patient et l’image de l’établissement. Leurs caractéristiques sont différentes des événements précédents : leur liste est infinie, ils sont presque toujours vus « chez les autres » avec une faible implication des établissements où ils ne sont pas survenus ; ils ne relèvent pas d’incompétence professionnelle. Pourtant leur variété renvoie à la même faiblesse sous jacente de culture de sécurité et d’organisation des établissements.
Leur réduction s’appuie sur des outils spécifiques, tels que (a) analyse des signaux faibles forcément plus fréquents que les cas totalement réalisés : événements porteurs de risque (EPR), (b) RMM de presque accidents et audits des organisations (c) bonnes pratiques de sécurité (check-list par exemple)
Les évènements indésirables associés aux soins (EIAS) sont des évènements liés aux soins, et non à l’évolution normale de la maladie, qui auraient pu ou ont entrainé un préjudice pour le patient. Les EIAS recouvrent de nombreux types d’événements de gravité plus ou moins importante (cf. encadré ci-dessous) pour lesquels il n’existe pas aujourd’hui de recueil systématique et exhaustif. Des données partielles sont néanmoins disponibles sur deux types d’événements.
Les évènements porteurs de risques (EPR)
Ce sont des évènements qui auraient pu provoquer un préjudice au patient mais qui ont été évités par le soignant ou le patient. Une ou plusieurs barrières de sécurité empêchant une évolution plus grave ont fonctionné. Il peut s’agir par exemple d’une erreur de médicament récupérée par une infirmière ou le patient avant son administration, d’une erreur de dossier patient rattrapée par un chirurgien avant une intervention, d’un défaut de transmission d’une information qui retarde la mise en route d’un traitement.
Les évènements indésirables graves (EIG)
Ces événement inattendus ont provoqué des conséquences graves pour le patient (par exemple une mise en jeu du pronostic vital ou fonctionnel, un décès, des séquelles invalidantes…). L’enquête nationale sur les évènements indésirables liés aux soins (Eneis) est destinée à évaluer l’importance des évènements indésirables graves rencontrés dans les établissements de santé. Elle tend également à repérer la part des évènements jugés évitables et à en décrire les causes. Une réédition de la première enquête de 2004 a eu lieu de mars à juin 2009.
Analyse d'un évènement indésirable
Définitions
- Événement Indésirable : dysfonctionnement, incident, accident ayant causé ou potentiellement cause de dommage.
- Événement Iatrogène : événement indésirable lié à la prise de médicament ou à la réalisation d'un acte diagnostique ou thérapeutique, médical ou chirurgical. (La iatrogénie n'implique pas nécessairement une faute médicale.)
- Événement Iatrogène ou Indésirable Grave (EIG) : événement iatrogène cause d’hospitalisation ou entraînant une prolongation de l’hospitalisation, une incapacité à la sortie de l’unité ou un risque vital.
La méthode ALARM (acronyme de "Association of litigation and risk management") est une méthode d’analyse systématisée des événements indésirables
Elle permet d’identifier les facteurs ayant favorisé leur survenue afin d’en prévenir la récidive.
Elle est devenue une référence pour l’analyse des causes en santé et peut s’appliquer à de nombreuses situations.
Cependant, elle nécessite le respect de ses conditions d’utilisation.
Méthode ALARM
La méthode a été construite à partir du modèle conceptuel décrit par Reason à partir de l’analyse des accidents organisationnels .
Ce schéma général postule que les erreurs humaines, commises par les individus, ne conduisent à des dommages que dans des circonstances particulières.
Ces circonstances tiennent à des défaillances latentes résidant dans la stratégie ou l’organisation de l’établissement, parfois majorées par des défaillances techniques.
Ces défaillances latentes, ou erreurs système, ne peuvent s’exprimer qu’à l’occasion d’une action humaine.
Pour atténuer les conséquences de ces défaillances, des mesures sont prises, constituant des défenses en profondeur.
Elles visent à éviter qu’une erreur humaine ne conduise à une catastrophe. Aucune de ces défenses n’est forcément totalement efficace, ce qui explique que des accidents continuent à arriver.
La méthode ALARM consiste, lorsqu’un événement indésirable survient, à :
- reconstituer la chronologie des faits ayant conduit à l’événement,
- identifier dans cette description les défauts de soin,
- conduire pour chaque défaut de soin identifié une analyse des facteurs ayant favorisé sa survenue,
- rédiger une première synthèse,
- reprendre l’investigation si des zones d’ombre persistent,
- rédiger un rapport final préconisant des actions correctives
Autres dispositifs d’évaluation des risques
- Alertes sanitaires/Déclaration des vigilances
- Plaintes et réclamations
- Accidents
- Maladies professionnelles
Vigilances sanitaires
La notion de vigilance sanitaire est une idée forte actuelle qui constitue la base indispensable du dispositif de sécurité sanitaire.
Les 10 vigilances sanitaires sont :
- L'identitovigilance (identification du patient),
- La pharmacovigilance et toxicovigilance (médicaments et produits toxiques),
- l'hémovigilance (produits sanguins labiles),
- La matériovigilance (dispositifs médicaux),
- La réactovigilance (dispositifs médicaux de diagnostic in vitro),
- La pharmacodépendance / addictovigilance (stupéfiants et psychotropes),
- La biovigilance (organes, tissus, cellules et produits thérapeutiques annexes),
- La cosmétovigilance (produits à finalité cosmétique ou d'hygiène corporelle),
- L'infectiovigilance (risque infectieux).
En France
En France, les vigilances sanitaires sont instituées par la loi n°98-535 du 1er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme.
- L'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) est chargée de coordonner les vigilances sanitaires concernant les produits de santé.
- L'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) est chargée de la coordination de la toxicovigilance.
- La surveillance du risque infectieux est attribuée aux CCLIN (Centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales).
Gisèle cabre
formatrice IFSI
Source :https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2566412/fr/reperes-evenements-indesirables-associes-aux-soins-eias
Source :http://www.cpias-auvergnerhonealpes.fr/Newsletter/2008/38/2_alarm.pdf
Source :https://fr.wikipedia.org/wiki/Vigilance_sanitaire