Plus de 70 molécules très prescrites favoriseraient le déclin cognitif des personnes âgées.
De nombreux médicaments consommés régulièrement par les personnes âgées entraînent un déclin cognitif.
Ces molécules dont certaines sont vendues sans ordonnance ont pour particularité d'avoir ce que l'on appelle un effet anticholinergique.
Il s'agit en fait d'une substance appartenant à une classe pharmacologique de composés visant à réduire les effets de l'acétylcholine, un neurotransmetteur cérébral qui joue un rôle de médiateur dans le système nerveux.
Conséquence :
- les patients ont des troubles de l'équilibre,
- de la vision,
- de la mémoire,
- une faiblesse musculaire
- un discours incohérent.
Ces médicaments sont des antidépresseurs (Elavil, Laroxyl, Tofranil),
des tranquillisants (Largactil, Terfluzine),
des antitussifs (Broncalene, Broncorinol),
des antihypertenseurs (Atenolol),
des diurétiques (Aldalix, Furosemide),
des antiashmatiques (Asmabec, Beclojet),
des antiépileptiques (Tegretol)
des molécules prescrites dans le traitement du glaucome (Azarga, Combigan, Cosopt)
les incontinences urinaires (Ditropan, Oxybutynine).
Une étude plus large, menée sur 13.000 personnes de plus de 65 ans pendant deux ans dans des universités anglaises et américaines et financée par the Medical Research Council va plus loin.
Publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, elle estime que les médicaments ayant un effet anticholinergique augmentent la mortalité des personnes âgées.
Ainsi, 20 % des patients qui prenaient plusieurs médicaments ayant cet effet sont décédés durant les deux années de l'étude contre seulement 7 % des patients ne prenant aucun médicament
ayant un effet anticholinergique.
Le lien de cause à effet est simple :
comme ces médicaments font augmenter les chutes, la mortalité progresse.
Il est clair que chez les personnes âgées, ce type de molécules doit être évité.
C'est d'autant plus facile que dans la majorité des cas, il existe des alternatives.»
Cette hausse de la mortalité liée à l'effet anticholinergique repose la question des surprescriptions médicales chez des personnes âgées.
«Les gériatres doivent être attentifs face aux ordonnances pléthoriques et ne doivent pas hésiter à supprimer tous les produits contenant des anticholinergique»,
message compris puisqu'on on observe une baisse des prescriptions de neuroleptiques dans les maisons de retraite, les hôpitaux et en médecine de ville.»
Actuellement, l'Agence du médicament procède à un réexamen de la balance bénéfice-risque de plus d'une centaine de molécules.
Cette réévaluation devrait prendre fin d'ici à la fin de l'année.
Lors de la présentation de la réforme du système le 23 juin dernier, Xavier Bertrand avait estimé que «nous consommons trop de médicaments en France et aussi qu'il y a trop de médicaments».
Contribution Medhi Achour
Médecin coordonnateur EHPAD
source : https://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/07/05/11001-seniors-ces-medicaments-qui-augmentent-mortalite