Définition
Il s’agit de lésions à type d’entorse, de fracture, de luxation ou de tassement qui peuvent siéger à n’importe quel niveau de la colonne vertébrale.
Causes
Une atteinte de la colonne vertébrale survient lors d’un choc direct sur la colonne vertébrale ou d’un traumatisme indirect survenant à distance de celle-ci comme :
- un choc direct au niveau du cou ou du dos - un choc indirect :
- une chute sur la tête (plongeon en eau peu profonde)
- une chute de grande hauteur avec réception sur les talons ou sur les fesses ;
- un mouvement brusque de flexion extension du rachis cervical (collision avec un véhicule à grande vitesse, retournement d’un véhicule, victime éjectée, accident de 2 roues, chute de cheval…) ;
- une chute de sa hauteur chez la personne âgée ou la personne qui présente des antécédents de traumatisme du rachis ou de maladie vertébrale.
Risques et conséquences
La gravité d’un traumatisme de la colonne vertébrale est due à la possible atteinte de la moelle épinière.
La moelle épinière peut être :
- comprimée par la (les) vertèbre(s) fracturée(s) ou luxée(s), par un œdème ou un hématome ;
- sectionnée en entraînant des lésions irréversibles.
Environ 15% des personnes qui présentent un traumatisme vertébral, qu’il s’agisse d’une fracture ou d’une luxation ont une lésion médullaire.
La majorité des victimes qui présentent un traumatisme médullaire ont aussi un traumatisme vertébral.
Signes
Au cours du bilan circonstanciel et au cours de l’analyse du mécanisme de l’accident lors du bilan complémentaire, on retrouve un traumatisme parfois violent direct au niveau du dos ou du cou (coup, choc) ou indirect (flexion extension brusque).
Les mécanismes suivants doivent faire considérer la victime à hauts risques de lésion du rachis :
- chute sur la tête d’une hauteur > 1 mètre comme lors d’un plongeon (rachis cervical) ou les fesses d’une hauteur > 3 mètres (rachis dorso-lombo-sacré) - âge > 65 ans quel que soit le mécanisme ;
- passager d’un véhicule accidenté à grande vitesse (voies rapides, autoroutes, vitesse > 40km/h avec arrêt brutal contre un obstacle ou sur une distance < 10m, déformation de l’habitacle) ;
- absence de port de la ceinture de sécurité et déclenchement des airbags ;
- retournement d’un véhicule suite à tonneaux ;
- victime éjectée d’un véhicule lors d’une collision ;
- collision avec un 2 roues (conducteur ou passager du 2 roues) ;
- piéton renversé ;
- accident avec des véhicules à moteurs de loisirs (jet ski, quad, kart…) ;
- chute de cheval (jockey).
Dès lors que l’on suspecte un traumatisme du rachis, il faut demander à la victime de ne pas bouger ou stabiliser manuellement la tête de la victime dans l’axe, (particulièrement pour réaliser la libération des voies aériennes) et éviter de mobiliser le reste de la colonne vertébrale.
Au bilan d’urgence vitale, on suspectera une lésion du rachis de principe :
- si la victime a perdu connaissance et ne peut s’exprimer ;
- si la victime présente une altération de la conscience ; si la victime se plaint :
- d’un engourdissement, des sensations de décharges électriques au niveau des membres (paresthésie) ;
- d’une douleur spontanée siégeant au niveau du rachis ;
- d’une raideur de la nuque l’empêchant de tourner la tête ;
- si la victime présente un trouble de la motricité évident (ne bouge plus ses membres).
Au bilan complémentaire, on suspectera une lésion du rachis si la victime présente :
- une diminution de la force musculaire des mains ou des pieds (difficulté de serrer les mains ou bouger les orteils) ;
- une perte ou une diminution de la sensibilité des membres supérieurs (mains) ou inférieurs (pieds) ;
- une douleur à la palpation prudente du rachis ;
- une déformation évidente du rachis ;
- une perte des urines ou des matières fécales ;
- une érection chez l’homme (victime inconsciente, victime trouvée déshabillée)
A l’interrogatoire, la présence d’antécédents de traumatisme vertébral (fracture ou chirurgie de la colonne vertébrale) ou de maladie vertébrale (ostéoporose) qui fragilise la colonne vertébrale feront aussi considérer la victime comme suspecte d’une lésion du rachis.
Dans certaines situations, le secouriste ne pourra pas rechercher des signes d’atteinte vertébrale ou médullaire particulièrement si la victime :
- n’est pas coopérative ou présente des difficultés de communication ;
- est sous l’influence de l’alcool ou d’autres drogues ;
- présente de nombreuses lésions qui empêchent de rechercher des signes d’atteinte du rachis ;
- présente une lésion qui détourne son attention (lésion douloureuse intense).
Dans ces cas-là, devant un mécanisme d’accident évocateur d’accident à haut risque de lésion du rachis, le secouriste considérera la victime comme suspecte d’une lésion au rachis.
Principe de l’action des secours L’action de secours doit permettre :
- de ne pas mobiliser la victime, en dehors :
- d’un dégagement d’urgence, si nécessaire ;
- de sa mise en position latérale de sécurité, si elle a perdu connaissance ;
- de son immobilisation.
- de stabiliser, de restreindre les mouvements puis d’immobiliser la tête, le cou et le tronc de la victime qui est suspecte d’une lésion du rachis afin de limiter les risques d’aggravation lors de son relevage et de son transport.oints essentiels dans la prise en charge d’une victime suspecte d’un traumatisme du rachis
- ne pas aggraver une lésion instable de la colonne vertébrale qui menace la moelle épinière ;
- éviter toute immobilisation excessive qui pourrait entraîner des effets secondaires et des complications graves.
Définitions
- la stabilisation du rachis se définit comme un procédé physique de maintien de la colonne vertébrale en position neutre avant la mise en place d’un dispositif de restriction ou d’immobilisation du rachis (maintient à deux mains de la tête de la victime dans la position en lui demandant de ne pas bouger).
- la restriction des mouvements du rachis cervical se définit comme la limitation ou la réduction des mouvements du rachis cervical en utilisant un dispositif cervical comme les colliers cervicaux, ou des blocs de têtes. - l’immobilisation de la colonne vertébrale (corps entier) se définit comme le procédé qui permet de limiter tout mouvement de la colonne vertébrale en utilisant une combinaison de moyens (ex. : bloc de tête, collier cervical, plan dur, matelas immobilisateur à dépression).
Procédure Traumatisme du dos et du cou Rechercher en priorité une détresse vitale
Devant une victime qui présente un traumatisme avec suspicion d’une lésion du rachis cervical, thoracique lombaire ou sacrée il faut rechercher en priorité une détresse vitale:
- hémorragie ;
- obstruction des voies aériennes ;
- détresse respiratoire ;
- détresse circulatoire ;
- détresse neurologique.
A toutes les étapes de l’examen de la victime, limiter les mouvements du rachis soit en lui demandant de ne pas bouger, soit en assurant une stabilisation de son rachis.
La victime présente une détresse vitale
- continuer à limiter les mouvements du rachis.- en demandant à la victime de ne pas bouger si la situation le permet (victime consciente, environnement favorable) - en stabilisant la tête de la victime.
Il est aussi possible, pour libérer le secouriste ou pour éviter qu’il ne gêne la réanimation, de restreindre les mouvements du rachis cervical en utilisant des blocs de tête
. - en même temps, prendre toutes les mesures pour lutter contre la détresse vitale.
- demander un avis médical.
- respecter les consignes.
L’immobilisation de la colonne vertébrale ne doit jamais retarder ou passer avant la prise en charge d’une détresse vitale.
Si une victime suspecte d’un traumatisme du rachis doit être mise en PLS, elle sera réalisée à 2 sauveteurs ou plus, en maintenant manuellement la tête de la victime dans l’axe lors de la rotation (ne pas retirer le collier cervical si celui-ci est déjà en place)
La victime ne présente pas de détresse vitale et a été victime d’un traumatisme
- conseiller à la victime de ne faire aucun mouvement ;
- poursuivre la stabilisation manuelle de la tête si possible (secouriste disponible, victime non agitée) ;
- retirer le casque de protection, s’il est présent ;
- réaliser une immobilisation complète du rachis si:
- la victime ne peut pas être examinée complètement ou l’examen n’est pas fiable :
la victime présente une altération du niveau de conscience ou est confuse, est sous l’influence de l’alcool ou d’autres drogues, présente de nombreuses lésions qui empêchent de rechercher des signes d’atteinte du rachis, a des difficultés de communication (langue étrangère, enfant) ;
- la victime se plaint ou présente des signes d’une atteinte du rachis ou de la moelle comme une douleur de la colonne vertébrale, un déficit moteur ou sensitif des membres, une sensation anormale des membres (décharges électriques, fourmillement), un priapisme, une déformation de la colonne vertébrale, une sensibilité de la colonne vertébrale (douleur provoquée à la palpation), une douleur de la colonne vertébrale quand la victime tousse, essaye de se déplacer ou de s’asseoir.
- la victime présente un traumatisme à haut risque de lésion du rachis (tableau 1) et
- soit a plus de 65 ans- soit présente des antécédents à risque comme une chirurgie ou une fracture antérieure de la colonne vertébrale ou une maladie osseuse ou du rachis (ostéoporose).
La victime présente une plaie pénétrante isolée du thorax, du cou ou de la tête
- appliquer la conduite à tenir devant une plaie du thorax, du cou ou de la tête.
- ne pas immobiliser la victime.
- demander un avis médical.
- respecter les consignes.
Dans tous les cas - protéger la victime contre le froid, la chaleur ou les intempéries ;
- transmettre un bilan et appliquer les consignes reçues ;
- surveiller attentivement la victime, en raison du risque d’aggravation brutale, en particulier après chaque mobilisation.
Cas particuliers
Victime agitée non coopérante
Devant une victime agitée ou non coopérante (intoxication alcoolique associée, enfant…) et qui refuse toute immobilisation, ne pas l’immobiliser, la laisser s’installer dans la position qui lui est le plus confortable tout en essayant de maintenir à 2 mains la tête dans l’axe.
Demander un avis médical.
Victime qui présente une déformation préexistante de la colonne vertébrale (cyphose, scoliose…), victime très âgée (déformations liées à l’ostéoporose).
L’immobilisation en position horizontale corps entier d’une victime très âgée ou qui présente une déformation préexistante de la colonne vertébrale est difficile et peut être contre productive (augmentation de la douleur, aggravation des signes ou de la lésion).
Il est alors nécessaire de respecter la position et la déformation de la victime et l’immobiliser dans la position qui lui est la plus confortable. Seul le matelas immobilisateur à dépression permet de réaliser cette immobilisation et garder la victime immobile.
Traumatisme grave et suspicion de lésion du rachis de l’enfant.
- si l’enfant a perdu connaissance, conserver la stabilisation en ligne du rachis cervical pour assurer la liberté des voies aériennes
supérieures. - l’aspiration des sécrétions, débris, sangs et vomissures à l’aide d’un aspirateur de mucosité doit se faire en conservant la stabilisation en ligne du rachis cervical. - laisser l’enfant dans son siège d’automobile (coque) si c’est possible (pas de déformation de la coque).
Parfaire l’immobilisation de la tête et du corps de l’enfant à l’intérieur du siège à l’aide de rembourrage.
- pour relever un enfant suspect d’une lésion du rachis et qui est allongé au sol, utiliser comme chez l’adulte un brancard cuillère plutôt qu’un plan dur.
- comme pour l’adulte, immobiliser l’enfant sur un matelas immobilisateur à dépression (ou attelle à dépression pour les petits enfants) qui doit rester en place pour le transfert sur le brancard à l’hôpital.
Le plan dur doit être réservé aux manœuvres d’extraction et non à l’immobilisation ultérieure de l’enfant.
- lors de l’immobilisation, une attention particulière doit être portée au maintien en ligne du rachis cervical.
Comme chez l’adulte, les blocs de tête peuvent être positionnés dans le matelas à dépression ou sur le brancard cuillère pour restreindre les mouvements du rachis cervical.
source SDIS 70 sapeurs pompiers haute saône