Nadjat candidate AS : Bonjour
JURY : Bonjour
JURY : Pouvez- vous vous présenter, et me parler de votre parcours professionnel
Nadjat candidate AS : Alors concernant mon parcours professionnel, je suis infirmière depuis 12 ans, j’ai débuté ma carrière dans des EHPAD, euh… auprès de la personne âgée, ensuite j’ai fait 3 ans de… d’intérim, donc en tant que remplaçante dans différent service, euh j’ai touché à peu près à tous les services, toutes les spécialités euh Oncologie, Cancérologie, Chirurgie, Leuh…. La petite enfance aussi, donc les enfants souffrants d’épilepsie à l’Hôpital Henri Gastaut à Marseille (blanc) euh…. Donc ensuite euh…. Un contrat de CDI m’a été proposée dans une MAS euh… Pour personnes euh… souffrants d’handicap moteur et j’y suis depuis euh... 10 ans et… voilà.
Question 2 :
JURY : Ok, pouvez-vous me parler d’une situation de soin qui vous aurait marqué sur le plan émotionnel
Nadjat Alors une situation de soin qui m’aurait marqué sur le plan émotionnel, donc en fait la plus récente c’était auprès d’une résidente, euh… qui était rentré très tard le soir après une sortie, et euh… qui m’évitait en fait, mais je comprenais pas pourquoi elle ne voulait pas que je la couche, donc euh… j’avais pas compris au début euh… c’était plus par donc elle était resté avec, euh... ma binôme, donc elle détournait un peu, elle me détournait du regard, donc y’avait cette distance entre nous deux donc elle m’a pas trop regarder, elle m’a pas trop considérer, et je ne comprenais pas pourquoi en fait, je ne savais pas, elle a pas verbaliser sur le coup, sur le champ elle a pas verbaliser, mais par la suite, j’ai appris par ma collègue qu’elle ne voulait pas que je la couche, qu’elle ne voulait pas que je.. que je m’occupe d’elle. Donc ensuite ma collègue euh… donc euh… elle a essayé de, de parler avec elle en lui disant que j’étais prévu pour, pour la coucher pour m’occuper d’elle, pour, pour l’installer confortablement etc.… euh… Comment j’ai géré ça, euh…au départ ça m’a beaucoup affecté, j’ai même eu les larmes aux yeux parce que je comprenais pas euh... mmm… Ce refus parce que je j’ai eu un sentiment d’injustice et euh… donc j’ai pleuré, donc j’avais un peu les les larmes aux yeux, ça m’a beaucoup affecté, donc j’ai essayé de mettre de la distance par rapport à ça donc je suis sortie, j’ai pris une bouffée d’oxygène, je me suis reprise, en me disant euh... que je ne suis qu’une professionnelle, que elle a le droit aussi de refuser le soin. C’est euh... c’est pas une obligation que ce soit moi, donc euh… après en me voyant je pense qu’elle a dû voire que ça m’a affecté quelque part, donc elle est revenu vers moi, pas vers moi elle a été voire euh... ma binôme en lui disant qu’euh... c’est bon qu’euh... qu’elle m’accepte donc à ce moment-là, pour remettre un cadre, et euh… remettre les choses euh… à leur place, j’ai demandé à ma collègue de lui déléguer ce soin et de la laisser la coucher elle, et qu’elle puisse aussi réfléchir sur ça et qu’euh…que j’ai , par rapport à ce sentiment d’injustice, je voulais qu’elle comprenne euh… d’elle-même donc euh… je l’ai pas très bien vécu j’ai laissé passer un peu de temps, donc de temps en temps je, je la revoyez pour d’autre soins, mais je suis plutôt resté dans, dans la neutralité, donc c’est elle qui a essayé de revenir vers moi , pour essayer de créer une relation plus euh, plus, plus proche euh, voilà donc après ça été fini, donc euh… je pouvais la soigner, je pouvais la coucher, je pouvais m’occuper d’elle, mais sans reparler de cette situation, où euh… elle n’a pas voulu que je m’occupe d’elle, donc j’ai respecté son choix, mais c’est vrai que sur le moment , je ne comprenais pas et euh… ça m’avait beaucoup affecté donc euh… parce que on est que des êtres humains après tout et avant d’être des soignants, on est des êtres humains et euh… y’a des fois des choses qui nous blessent, surtout que quand c’est sans raison parce que elle disait que elle ne voulait pas de moi mais y’avait pas de raison valable d’autant plus (rire) ce qui est aussi drôle c’est que je ne l’avais jamais couché auparavant je m’occupais d’elle dans d’autres d’autres circonstances, c’est à dire lui faire des, des changes tout ça, mais je pense aussi qu’elle voulait être peut-être avec ma binôme, mais la façon dans elle a détourné les choses ça m’a ça m’a blessé voilà
JURY : D’accord
Question 3 :
JURY: Ok, comment faites-vous pour gérer vos émotions lors d’une situation
JURY : émotionnellement intense ?
Nadjat candidate AS : euh… j’ai pu rencontrer différentes situations qui étés difficiles, où il fallait gérer ses émotions, celles qui m’a le plus marquer, c’était face à une personne handicapée, euh, en fait qui parler d’euh, de ses parents, et qui disait euh, clairement que c’était, de leur faute qu’elle soit handicapée, que c’était des anciens toxicomanes, et euh, comme je m’attendais pas du tout à ça euh, j’ai été heurté, donc d’autant plus que c’était une personne qui nécessitait énormément de soins techniques, comme le sondage, elle était trachéotomisé, euh parfois, on n’a pas les mots, face à ses situations, on n’est pas obligé d’euh, de verbaliser, euh, donc ce que j’ai fait, c’est que je l’ai juste écouté, on peut pas tout le temps avoir une réponse à tout, parce que c’est très délicat de parler de sa famille, euh, cette situation était très délicate, je lui ai dit que je pouvais la comprendre, mais tous simplement , il faut avoir aussi une philosophie de la vie donc ce que j’ai pu trouver comme phrase, si, c’est lui dire, qu’on choisit pas ses parents. Donc on choisit pas ses parents, donc il y’a très peu de choses qu’on choisit dans la vie, mais en tout cas, pas ses parents, euh avec lesquels aujourd’hui elle garde une relation plus ou moins, parent enfant, donc, c’est vrai que ce jour-là, elle avait besoin de parler, et on peut pas avoir réponse à tout, donc ce que j’ai fais , je n’ai fait que l’écouter, mais comme il fallait quand même, dire quelque choses répondre à ça parce que sinon la personne elle pense qu’on… ressent pas ce qu’elle ressent, euh, qu’on arrive pas à la comprendre, donc il fallait que je lui dise, quelque chose, pas pour la rassurer, parce que je peux pas la rassure, ce qui est fait, est ait, elle a 30 ans mais euh, pour lui dire les choses de la vie que c’est fatale, que c’est comme ça et pas autrement , donc on lui répondant qu’on allait pas les choisir, et qu’elle pouvait pas les rejetés, malgré ça , des parents, c’est précieux, donc euh, voilà, malgré sa situation d’handicap, malgré ça peut-être elle a hérité autre choses, parce que elle avait beaucoup de potentiel, euh parce que elle a développé autre chose par rapport à son handicap, on sait très bien, qu’une personne handicapé peut développer certaines capacités que nous qui sommes valides, qui sommes des personnes valides, on ne peut pas , on ne peut pas développer, donc euh, mais c’est vrai que, euh, ce jour-là, je m’attendais pas à ce qu’elle me parle de ça, je n’étais pas préparer à ça, c’était tard le soir, et euh, je ne pouvais que lui dire , qu’on ne choisissait pas ses parents, et qu’euh, voilà que j’étais là pour elle, que elle pouvait me parler, qu’elle pouvait euh, s’exprimer, tout ça , donc il fallait qu’elle parle à ce moment-là, et c’est à ce moment-là que je l’ai écouté, mais euh, on peut pas répondre à toutes questions, à toutes demandes, à toutes problématiques, face à ça.
JURY : ok
Question 4 :
JURY : que représente pour vous le refus de soin ?
Nadjat candidate AS : alors, le refus de soin, donc ça dit bien ce que ça dit, une personne qui refuse euh, de se faire soigner, ou elle refuse un soin euh, particulier en particulier, euh, il faut savoir que, quand elle refuse en tant que soignant, il faut essayer de négocier, donc on est dans une démarche, euh, de, de soin aussi donc en lui expliquant, l’intérêt de ce soin, l’intérêt pour elle, euh, le risque si ce soin n’est pas dispenser dans un premier temps, si la personne euh, on voit que la personne insiste sur ce refus, on essaye de voire avec que d’autres soignants si ça peut passer, si ce soin peut être déléguer à une autre soignante, peut-être que des fois ça peut mieux ce passer, parce que des fois, ses personnes-là ont une relation, plus euh , plus euh, on vas dire personnaliser où ils ont le choix, moi je parle notamment des personnes dont je m’en occupe, notamment les résidents qui sont dans un lieu de vie, euh le cas échéant, c’es de respecter surtout le choix de la personne, si la personne refuse le soin, euh, euh, après toutes négociation, c’est, on vas respecter, mais on ne peut pas euh, accepter tout de suite, ce refus de soin, donc on essaye toujours, de , de, de, de négocier, de voir si elle peut l’avoir un peu plus tard, euh, de voir avec elle le moment propice, pour l’accepter, si cette personne euh, ne, ne le veut pas elle est tout à fait en droit, de respecter de, de, de, de, de refuser ce soin, euh, le soin il faut un consentement, L108 : la personne, il faut qu’elle soit consentante, si la personne n’est pas consentante , euh, on L109 : ne peut pas, euh le prodiguer, donc ce n’est pas possible, mais on ne peut pas euh, baisser les bras, en tant que soignant, face à ça on peut pas tout de suite dire euh, bon elle refuse, bon voilà c’est fini, non il faut essayer de voir, être dans une démarche éducative, pour lui expliquer le soin, euh, pourquoi on prodigue ce soin , quel est son intérêt, euh, qu’est ce qui aurait comme risque, euh comme par exemple, il y’a eu une idée qui me vient, par exemple les lavements, au niveau de ses personnes qui sont en mobilité réduite, quels sont les risques, les risques, de, de, de constipation de sub-occlusion, voir d’occlusion, donc tout ça, donc on essaye toujours de négocier. Mais après tout, il y’a aussi ce respect, de la charte de la personne (gratte la gorge) pardon, de la personne accueillie qui peut aussi refuser ce, ce soin.
JURY : d’accord
Question 5 :
JURY : alors, comment adaptez-vous votre positionnement, face à une relation de soin difficile ?
Nadjat candidate AS : blanc, (réfléchis) donc, euh, face à une relation de soin difficile, euh, mon positionnement, euh, on peut pas avoir tout de suite un positionnement face à une situation donnée, on peut euh, essayer euh, comme je disais tout à l’heure, euh, de voir comment on peut dispenser ce soin, choisir le moment propice, euh, peut-être si possible, laisser le choix à la personne, donc tout, tout d’abord, il faut au préalable créer une relation de confiance, entre soignant-soigné. On peut pas d’emblée ne pas connaître, la personne, entrer dans sa chambre, faire le soin, donc il faut euh, justement, commencer par ce présenter, peu importe qui est la personne qui est en face nous, ça peut-être une personne euh, âgée, une personne handicapé, une personne souffrante, on peut répondre au préalable à ses besoins, euh, qui sont euh, y’a une idée qui me vient, si c’est une personne qui souffre de douleurs, je vais dans un premier temps gérer sa douleur, donc y’a tous ses soins là, répondre à ses besoins là, ensuite envisager le soin par la suite, donc qui est dans le diagramme de soin, ou bien qui est prescrit par, par le médecin, qui est sous le rôle propre, ou bien sous le rôle prescrit. Mais au préalable il faut créer cette relation d’aide, qui vas nous faciliter euh, la dispense de ce soin, euh, par la suite donc si on peut, si possible euh, voir à quel moment la personne elle est d’accord pour que ce soin, soit dispensé, euh, donc il faut être à son écoute, on peut avoir des personnes qui ont besoin de parler, euh, qui ont besoin de, d’exprimer certaines angoisses, qui arrive peut-être la première fois, dans, dans , dans un hôpital, euh, tous soin, est personnalisé,y’a pas deux soins qui se ressemble, y’a pas deux personnes qui se ressemble, même si les personnes souffrent de la même pathologie, je pense que dans un premier temps, il faut créer une relation de confiance, ensuite répondre à ses premiers besoins. Si une personne, elle est souffrante, donc répondre à sa souffrance que ce soit psychologique, physique, ou euh, par exemple une douleur, ou peu importe, ensuite donc on peut l’installer tout ça, et ensuite, envisager, lui expliquer l’intérêt du soin, lui expliquer comment vas se dérouler, lui expliquer le résultat du soin et le risque si y’a un refus par rapport à ce soin, au niveau du positionnement, euh, donc on peut pas se positionner, tout de suite, il n’ya pas de soin figer, il n’ya pas de soin fait, donc chaque soin est unique, chaque soin euh, peut se passer d’une manière différente, par rapport à d’autre, donc c’est à nous , de le mettre, euh, euh, en qualité, faut que ce soit un soin de qualité, mais pour que ce soit un soin de qualité, il faut des étapes, et euh, ensuite donc si le résultat, est bénéfique, parce que on peut lui dire aussi, les risques, y’a aussi certains soins qui présente aussi des risques, donc il faut aussi en parler, la personne doit être au courant, doit être informé, à ce moment-là si la personne refuse, après toutes ses étapes, elle est tout à fait en droit, soit on fait, intervenir d’autres personnes, d’autres professionnels infirmiers, ou parfois ça peut-être aussi une aide-soignante, euh, qui peut-être aussi parfois plus présente parce que voilà, parce que, peut-être elle la voit plus régulièrement sur une durée plus longue, parfois je dis bien parfois, euh, et parfois, on peut passer par le médecin, donc c’est un travail d’équipe, il faut en parler, voire trouver une solution, mais si la personne continue à refuser son soin, il faut qu’elle sache qu’elle est en droit aussi de le refuser.
JURY: d’accord
Question 6 :
JURY : comment envisagez-vous le refus de soin ?
Nadjat candidate AS: euh, un refus de soin n’est toujours, n’est pas facile à vivre pour une infirmière parce que, elle est face à un échec donc euh, son but c’est d’arriver à réaliser ce soin euh, mais tout en respectant, euh, tout en respectant le choix du patient, donc une fois que vraiment, euh, il y’a pas d’autres moyens, pour essayer de convaincre cette personne à, à avoir ce soin, il faut rester dans le respect de la personne, essayer euh, de lui apporter euh, d’autre soins, d’autre soutien, notamment des soins relationnels, pour qu’elle puisse verbaliser, parce qu’une personne euh qui refuse un soin qu’euh, tous les moyens ont étés utilisés pour qu’elle accepte, c’est une personne quelque part qui souffre, donc il faut entendre cette souffrance, et essayer de répondre à cette souffrance, euh par euh, par une relation soignant-soigné, euh être à l’écoute de la personne répondre à ses angoisses, être dans l’empathie, et non pas dans le jugement nous sommes pas là en tant que soignant , nous sommes pas là pour juger les personnes qui viennent euh, qui sont accueillies euh, en structure, euh, nous sommes là pour les soigner, si ces personnes-là acceptent, donc si la personne refus nous n’avons pas de, de notre positionnement euh, il peut être personnel, mais il y’aura pas de jugement, donc on vas être plus dans les soins relationnels. Y’a une idée qui me vient, par exemple une personne qui est en fin de vie, qui vas plus accepter euh, des HBPM, des injections parce que elle , elle veut plus vivre, donc on vas plus l’accompagner, euh, on vas plus l’accompagner , on vas être dans une relation d’aide, donc pour essayer de la faire verbaliser, si elle a envie de parler euh, si elle a pas envie de parler, y’a d’autres moyens aussi de communication, on passe pas que par la parole, on peut passer par le toucher de la personne, poser sa main sur la personne, être euh, empathique avec elle, être à l’écoute, notamment son entourage, parce quel’entourage compte énormément, on peut avoir aussi des personnes, qui entoure euh, la personne, euh, âgée ou la personne en structure, qui peut aussi ne pas comprendre son L192 : refus donc, leur expliquer aussi, on vas être aussi dans une autre démarche parce que la personne euh, elle pense que euh, le personnel soignant n’a pas fait ce qu’il fallait, donc il faut aussi prendre en charge l’entourage de la personne, en lui expliquant que vraiment elle refuse, et qu’on peut vraiment pas euh, la forcer parce que , on est pas là pour forcer, mais on est dans une relation de, de, de, de, de confiance, et euh, d’empathie, donc on aisse verbaliser la personne, euh, et on la prend euh, entièrement, donc même si le soin, est refusé catégoriquement, euh on essaye de rester euh, soignant euh, sans la jugé.
JURY : d’accord, avez-vous d’autre choses à ajouter
Nadjat candidate AS : alors ce que ce que, le conseil que je donnerai à tout soignant, c’est essayer de faire, le maximum euh, de soins de qualités , parce que plus on est dans la qualité, plus on vas aimer ce métier plus le résultat est bon , est bénéfique, et formidable, euh, et plus on s’améliore et c’est en, en voulant changer les choses, dans le bon sens du terme, donc prendre le temps avec la personne, chaque personne est unique, les personnes ne sont pas des objets, donc on, on appréhende une personne euh, avec le sourire si possible, on appréhende les personnes, parce que les personnes, peu importe que ce soit des enfants, des personnes handicapées, des personnes âgées, ressentent, donc tout ceux qui est non-verbale, tout ce qui est mimique, mais ressentent les choses, donc il faut être authentique, et ce métier, a besoin de, de personnes, qui sont dans, plus dans l’humain entre parenthèse, donc avoir le sourire avoir de l’empathie, euh, ces personnes-là peut-être,qu’on est les seules personnes qu’ils voient, peut-être, qu’on est leur seule visite, donc le minimum, c’est le sourire, et le maximum, c’est optimisé les soins. Merci
Nadjat : merci euh, de m’avoir reçu, voilà
JURY : Je vous en prie