Cours processus psychopathologiques

Pathologie psychopathologique

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Auteur Gisèle Cabre

Formatrice IFSI

Rédaction : https://www.soignantenehpad.fr

Manifestation et sémiologie en psychiatrie

Troubles de la présentation et du contact

Incurie :

Manque total de soin de soi et d'hygiène, accompagné d'une indifférence aux conséquences de ce comportement. L'incurie s'observe au cours de la schizophrénie, des dépressions graves, des démences, du syndrome de Diogène.

Mimique :

  • Hypermimie : exagération des mimiques (euphorie maniaque, terreur du syndrome confuso-onirique, théâtralisme dans l'hystérie).
  • Hypomimie, diminution des mimiques, et Amimie, absence de mimique : on les observe au cours des dépressions, des mélancolies (il y a alors une mimique douloureuse figée, des traits qui tombent, un front plissé en oméga mélancolique), des schizophrénies, du syndrome confusionnel et des démences.
  • Échomimie : le sujet reproduit en miroir les mimiques de l'examinateur (retard mental, simulation, hystérie, schizophrénie 7 p* Paramimie : mimiques inappropriées traduisant une discordance entre les mimiques et les affects, qu'on observe dans la schizophrénie (par exemple des rires immotivés).

Contact :

  • Réticence pathologique : attitude du sujet qui refuse le contact, l'évite manifestement, refuse de parler, etc. Cela peut masquer un délire sous-jacent, tenu secret, ou bien entrer dans le cadre d'une démence. La réticence prolixe est une logorrhée permettant au patient de ne pas aborder le sujet qu'il veut éviter.
  • Familiarité : familiarité excessive au cours de la manie.
  • « Bizarre, froid, et hermétique » dans la schizophrénie. On parle aussi d'impénétrabilité, de sentiment par l'observateur de détachement (à ne pas confondre avec l'indifférence).
  • Discordance : perception globale par l'examinateur de « discordances », de bizarreries, entre l'habitus général, le discours, la pensée, les mimiques, les attitudes du patient. 
  • Ludisme : dans la manie (le patient se montre joueur : il se moque de l'observateur, pratique des calembours inadaptés, entre dans une relation de jeu).
  • "la belle indifférence" : expression de la psychiatrie classique pour qualifier le contact dans l'hystérie de conversion où le symptôme est présenté avec un faux détachement.
  • Syntonie/Hypersyntonie/Asyntonie : la qualité du contact est un élément important à apprécier, notamment dans la discussion diagnostique entre les troubles affectifs et la manie (hypersyntonie ou contact hypersynchrone) où le patient réagit en phase avec son interlocuteur, et l'a-syntonie de la schizophrénie, élément du trouble de la communication.

Troubles des fonctions intellectuelles

Troubles de la vigilance

La vigilance traduit un état de réactivité à son environnement.

  • L’hypervigilance, ou vigilance augmentée, se rencontre de façon adaptée dans les situations de danger et de manière inadaptée dans les états anxieux et le syndrome maniaque.
  • L’hypovigilance est une diminution de la vigilance, pathologique en dehors du sommeil. Selon le degré de la baisse de la vigilance, on distingue plusieurs stades :
    • l’obtusion, marquée par un état de somnolence, une pensée ralentie, des difficultés de compréhension ;
    • la confusion mentale, baisse importante de la vigilance, fluctuante selon les moments de la journée avec désorientation temporo-spatiale (cf. infra), trouble du jugement et du raisonnement, trouble de l’attention, amnésie de fixation (antérograde), onirisme possible (cf. infra) ;
    • la stupeur, diminution très importante de la vigilance avec arrêt des opérations mentales, arrêt de la production verbale (mutisme), indifférence affective ;
    • le coma, traduisant une perte totale de la conscience avec absence totale ou partielle de la réactivité aux stimulations douloureuses.

Désorientation temporo-spatiale

C’est l’incapacité pour le sujet qui en est atteint, de se repérer par rapport au temps et à l’espace. En général, la désorientation temporelle précède la désorientation spatiale. On rencontre ces troubles au cours du syndrome confusionnel, du syndrome démentiel ainsi que dans certaines formes de troubles de l’humeur.

Onirisme et état oniroïde

  • L'onirisme désigne la production d'une imagerie mentale à l’état de veille caractérisée par la succession de représentations visuelles, sans rapport avec la réalité, représentant des scènes visuelles le plus souvent effrayantes, s’enchaînant les unes aux autres sans logique ; on parle aussi de délire du rêve. Est souvent associé au syndrome confusionnel, on parle alors de syndrome confuso-onirique.
  • L'état oniroïde, ou état crépusculaire, est un état proche du rêve caractérisé par une forte diminution de l’activité mentale, la persistance d’activités automatiques, l’association fréquente à des comportements pathologiques tels que les vols et les fugues, s’accompagnant d’une amnésie de l’épisode.

Troubles de l'attention

L'attention peut être augmentée, de manière sélective, on parle alors d'hyperprosexie, ou bien diminuée (hypoprosexie, aprosexie).

Troubles de la conscience de soi

  • Dépersonnalisation
  • Dysmorphophobie : impression de « déformation » de son corps propre ou d'un membre en particulier (essentiellement dans les schizophrénies). Le « signe du miroir » décrit le patient se regardant sans cesse dans le miroir, inquiet des déformations qu'il croit percevoir.

Troubles de la mémoire

  • Par défaut : l'amnésie, déficit de la mémoire, peut être de plusieurs types,
    • l'amnésie antérograde, oubli au fur et à mesure, à compter du moment de début des troubles, alors que les souvenirs antérieurs sont conservés ;
    • l'amnésie rétrograde, concernant les souvenirs anciens, qui sont peu à peu oubliés ;
    • l'amnésie antéro-rétrograde, mélange des deux ;
  • Par excès?
    • L'hypermnésie, état de libération mnésique avec irruption de bouffées de souvenirs (>souvent chez le patient mourant
  • L'ecmnésie traduit l'émergence brutale de souvenirs du sujet, vécus comme une expérience actuelle (le passé est pris pour le présent).
  • Les amnésies psychogènes :
    • l'amnésie sélective, oublis sélectifs liés à une situation (refoulement) ;
    • l'amnésie périodique, le patient ne se souvient plus de ce qui s'est passé lors d'un état second ;
    • l'amnésie post-traumatique.
  • Les amnésies organiques :
    • syndrome de Korsakoff, association de fabulations, fausses reconnaissances et désorientations temps-espace
    • ictus amnésiques (il est bien rare de pouvoir les évaluer) : épisode; amnésiques brutaux associés à une désorientation dans le temps (durent quelques minutes à quelques heures, toujours réversibles). Ils doivent faire chercher un accident vasculaire cérébral transitoire.
  • Les paramnésies sont des productions imaginaires plus ou moins riches, prises pour des souvenirs. Contrairement à l'ecmnésie, il ne s'agit pas de sensations ou de situations qui ont déjà été vécues. On en distingue plusieurs types :
    • les fausses reconnaissances sont des identifications erronées de personnes ou de lieux. Le patient pense avoir déjà été en contact avec telle personne ou telle situation ;
    • les fabulations sont des récits imaginaires, souvent riches de détails, pouvant se modifier selon les moments et les circonstances, dont l’effet est de compenser le déficit mnésique. On distinguait classiquement les fabulations vraies, récits imaginaires autour d'un thème comme dans la mythomanie, les confabulations, venant combler une lacune mnésique comme dans le syndrome de Korsakoff, et les affabulations qui sont une version arrangée à partir d'un souvenir réel.

Troubles du jugement

exemples :

  • incohérence
  • illogisme
  • interprétation

Troubles de la pensée

On distingue les troubles du « cours » et du « contenu » de la pensée.

Dans son cours

  • Tachypsychie : pensée accélérée qui s'accompagne généralement d'une fuite des idées (relâchement du lien associatif normal entre les idées) qu'on observe dans la manie et au cours des intoxications aux psychostimulants
  • Bradypsychie : ralentissement de la pensée observée dans la dépression et le syndrome confusionnel

Dans sa continuité

  • Barrage : interruption brutale du discours du sujet au cours d'une phrase. Le discours reprend au bout de quelques instants sur le même sujet ou sur un autre. Le sujet ne peut dire ce qui s'est passé en lui pendant l'intervalle de temps, il y a eu un "blanc", un "vide" de la pensée. Ce symptôme est assez caractéristique de la schizophrénie
  • Fading mental, c'est un équivalent a minima du barrage : la pensée s'englue pendant quelques instants
  • Prolixité circumlocutoire : difficulté à orienter la pensée vers un but précis avec retour au sujet initial après de multiples détails
  • Pensée tangentielle : perte du fil du discours, le patient suit des idées qui lui viennent de stimulations externes ou internes
  • Pensée diffluente : la pensée se disperse de façon anarchique, sans logique apparente, renvoyant ainsi à l'hermétisme de la pensée dans la schizophrénie
  • Fuite des idées : enchaînement rapide, encore contrôlé ou déjà incontrôlable par le patient dans la manie
  • Dissociation du cours et du contenu de la pensée : cette expression rejoint les notions d'hermétisme, d'ambivalence psychotique, de discordance constituant un syndrome clinique majeur de la schizophrénie dans la littérature française. Elle est à distinguer catégoriquement des « troubles dissociatifs » de la littérature psychiatrique américaine (DSM) qui renvoient aux troubles anxieux.

Dans son contenu

  • Phobie : la phobie est la crainte irraisonnée d'un objet extérieur ou d'une situation sans danger objectif (objet ou situation phobogène). Cette crainte est jugée absurde par le patient. La confrontation à l'objet ou à la situation redoutée provoque une angoisse intense. Le sujet développe des conduites d'évitement pour éviter la confrontation, ou bien alors il s'aide d'objets ou d'attitudes contraphobiques. On distingue les phobies simples, la phobie sociale (au cours de laquelle c'est une situation sociale qui est redoutée) et l'agoraphobie qui est une phobie liée à l'espace. Dans la phobie, l'angoisse disparaît en l'absence d'exposition à l'objet phobogène.
  • Obsession : l'obsession est une idée ou un sentiment qui s'impose à la conscience du sujet qui le ressent comme contraignant mais absurde, fait des efforts pour le chasser, mais n'y parvient pas. En général, des compulsions se développent. On rencontre des obsessions principalement au cours de la névrose obsessionnelle ou trouble obsessionnel compulsif. Il existe trois types d'obsessions :
    • obsessions idéatives : ce sont des idées qui s'imposent au sujet, sous forme de doutes, de scrupules qui entraînent des ruminations incessantes ;
    • obsessions phobiques : il s'agit alors de craintes obsédantes (par exemple : peur d'être attaqué, peur d'avoir un cancer, etc.) ;
    • obsessions impulsives (ou phobies d'impulsion) : il s'agit de la crainte de commettre un acte délictueux ou dangereux (crainte d'agresser quelqu'un, de blasphémer dans une église, etc.).
  • Nota Bene : les obsessions phobiques et les phobies d'impulsion sont donc des obsessions et pas des phobies.

  • Idée délirante : idée en opposition avec la réalité entraînant l'adhésion du sujet. On rencontre des idées délirantes au cours des psychoses, de la manie. Des épisodes quasi délirants peuvent se rencontrer au cours d'états modifiés de conscience.
  • pensée magique : forme de pensée qui s'attribue le pouvoir de réaliser ou d'empêcher des évènements, sans support matériel.
  • rationalisme morbide : forme de pensée abstraite faite avec des raisonnements logiques poussés jusqu'à l'absurde.
  • idées de référence conviction que certains éléments de l'environnement (télévision, journaux) envoient des signes destinés au patient.

Troubles de l’imagination

Fabulation

Histoire fantasque et extraordinaire racontée par le sujet qui en est l’inventeur comme s’il s’agissait de faits réels. La fabulation est normale dans la petite enfance et aux débuts de l’adolescence. Pathologique, elle relève de la mythomanie ou du délire d’imagination. Les confabulations sont des fabulations qui s’observent chez des patients présentant un déficit de la mémoire antérograde (oubli à mesure).

Mythomanie

Tendance pathologique plus ou moins volontaire et consciente à l’altération de la vérité, la fabulation et la construction de récits imaginaires voire à penser et construire sa vie sur le mode du récit imaginaire.

Pathomimie

  • La pathomimie, ou trouble factice, constitue la simulation volontaire de la maladie, dans un but qui n'est pas directement utilitaire, mais pour un but plus psychologique : lancer un défi au corps médical par exemple, ou pour être l'objet de l'intérêt de ceux-ci.
  • Peut prendre la forme extrême du syndrome de Münchausen, qui est une demande répétée d’opérations chirurgicales au nom de troubles organiques factices. Cette demande peut concerner l’enfant du sujet et est alors une forme majeure de maltraitance à enfant et constitue le syndrome de Münchausen par procuration.

Dans la simulation, le simulateur se présente en mentant délibérément ou après une lésion auto-infligée. Tout cela est réalisé dans le but d'obtenir un bénéfice direct généralement matériel (une pension, une dispense, etc.).

Syndrome délirant

Le délire est un trouble du contenu de la pensée caractérisé par la permanence d'idées délirantes. Les idées délirantes sont des idées manifestement en désaccord avec les faits observés et les croyances habituellement partagées dans un contexte culturel donné. Ces idées emportent l'adhésion du patient.

Troubles des perceptions

Hallucinose

Perception sans objet proche de l’hallucination visuelle, faite d’images colorées mais sans participation affective du sujet qui a conscience que ce n'est « pas réel » ; elle n’est pas intégrée à un système délirant. S’observe dans certaines lésions cérébrales, ou du nerf optique, certaines épilepsies partielles. On parle également d’hallucinose au sujet d’hallucinations auditives sans trouble de la conscience ni participation affective du sujet et qui se rencontrent chez l’alcoolique chronique.

Imagerie hallucinatoire

Liées au sommeil, elles sont le plus souvent auditives ou visuelles et n’ont pas de caractère pathologique. On décrit les hallucinations hypnagogiques, qui surviennent lors de l’endormissement, et les hallucinations hypnopompiques, qui surviennent au réveil. On range dans cette catégorie les hallucinations qui peuvent survenir lors de la privation de sommeil. Elles n'entraînent pas d'adhésion du sujet, mais peuvent causer une certaine angoisse

Modifications de l’ambiance perceptive : Déréalisation et dépersonnalisation

Ces termes traduisent une modification de l’ambiance perceptive. Contrairement aux hallucinations, dans la déréalisation il y a perception correcte de la réalité mais le patient a un éprouvé inhabituel et étrange, une perte de la familiarité de l’environnement.

La dépersonnalisation est un syndrome clinique complexe lié au sentiment éprouvé par certains sujets de n’être plus eux-mêmes.

Hallucinations

Les hallucinations sont des perceptions sans objet à percevoir. Elles ne se rencontrent pas que dans les psychoses. Il convient toujours de les faire préciser au mieux et de « tester » l'adhésion voire l'obéissance du patient à ses hallucinations. L'observation d'un patient halluciné permet parfois de repérer des "attitudes d'écoute" où le patient semble écouter quelque chose. On peut aussi voir le patient suivre du regard une scène inexistante.

  • Echo de la pensée de la parole et des actes : forme d'hallucination où le patient a la conviction que ses pensées, ses paroles, ses actes, sont répétés, anticipés, commentés.
  • Syndrome d'action extérieure, syndrome d'influence : forme de syndrome hallucinatoire où le sujet se sent contraint à obéir aux ordres hallucinatoires, ce qui peut amener à des actes médicolégaux.

Automatisme mental

Ce syndrome a été décrit par Gaëtan Gatian de Clérambault. Le patient a la conviction délirante qu’il n’est plus le maître du fonctionnement de son psychisme, qu’une force extérieure et étrangère agit en lui et contrôle sa vie psychique, ses actes, ses pensées et ses perceptions.

Selon l’intensité des symptômes, on distingue un grand et un petit automatisme mental.

Troubles du vécu corporel

Les troubles du schéma corporel sont nombreux. On distingue :

  • les hallucinations cénesthésiques, ou corporelles, qui concernent un organe ou tout le corps avec sentiment de modification corporelle, voire de dématérialisation, de possession, de métamorphose en animal 
  • la dysmorphophobie concerne l’apparence corporelle. Le patient est convaincu d’une disgrâce corporelle ce qui l’angoisse et le dévalorise. La partie corporelle concernée est variable (organes sexuels, seins, partie du visage). Ce symptôme pousse le patient à demander une intervention de chirurgie esthétique ;
  • l’hypocondrie est un souci exagéré de l’état de santé corporelle. Elle donne lieu à des préoccupations anxieuses et obsédantes et peut prendre un tour délirant.
  • l'asomatognosie est l'ignorance ou la perte de conscience d'une partie du corps. Ce symptôme fait aussi partie de la sémiologie neurologique.

Troubles de l’affectivité et de la thymie

Humeur, ou thymie

C'est la disposition affective de base donnant un éprouvé agréable ou désagréable oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. L’humeur peut être normale (on parle alors d’euthymie), expansive ou hyperthymique comme dans le syndrome maniaque, triste voire mélancolique comme dans le syndrome dépressif.

  • Humeur dépressive : c'est un éprouvé négatif (distorsions cognitives) de la relation du sujet au monde et à lui-même : sentiment que la vie est un échec, la situation sans espoir, l’avenir impossible, perte du plaisir (anhédonie) et d’intérêt. Elle s'observe au cours du syndrome dépressif. Au cours du syndrome mélancolique , cette sensation pénible est poussée à son paroxysme, et l'on parle alors de douleur morale, surtout que des idées délirantes et suicidaires y sont généralement associées.
  • Humeur expansive : humeur euphorique, joyeuse, optimiste et conquérante. Elle est marquée par un optimisme pathologique, on parle d’élation de l’humeur, ainsi que par sa labilité. C’est une caractéristique essentielle du syndrome maniaque. On peut également utiliser le terme d’« exaltation de l'humeur ».
  • Humeur mixte : coexistence d'éléments expansifs et dépressifs ; ces états sont à haut risque suicidaire.

Tonalité de l'affect

La peur, la colère, la surprise, le plaisir, sont des affects, des émotions de base. Selon le degré de réaction du patient, on parle d’hyper-expressivité des affects, d’affect normal, restreint, émoussé voire abrasé.

Les différents affects

  • La peur est une émotion de base qui comprend une composante neurovégétative (sueurs, tremblements, accélération du rythme cardiaque…), motrice (sidération puis évitement), psychique (éprouvé désagréable, malaise plus ou moins intense) en réponse à un danger extérieur. Elle devient pathologique quand elle est disproportionnée au danger et/ou trop prolongée.
  • L'anxiété est le versant psychique de la peur caractérisé par un malaise diffus, une appréhension d’un danger à venir, un sentiment d’insécurité. L'anxiété peut-être flottante, continue, on parle alors d'anxiété généralisée, ou bien évoluer sous la forme de crises d'angoisse répétées (attaques de panique) comme dans le trouble panique. Ces deux entités correspondent à ce que les freudiens nomment névrose d'angoisse.
  • La colère est une réaction émotionnelle paroxystique face à une menace ou une frustration, caractérisée par une agitation verbale et motrice associée à des manifestations neurovégétatives.
  • L'ambivalence est soit un sentiment d'hésitation entre « le pour et le contre », souvent présent chez certaines personnalités de type névrotique, soit la coexistence simultanée de sentiments contraires que l'on rencontre dans la schizophrénie.
  • La méfiance, voire l'hostilité, témoignent souvent du vécu persécutif d'un patient délirant.

Troubles du comportement

  • Agitation 
  • Impulsions 
  • Agressivité : c’est une tendance à attaquer autrui. Elle peut se manifester de différentes façons, tant par le regard, les paroles que les actes. Elle peut être présente dans presque toutes les pathologies psychiatriques. Elle va de la simple manifestation d’agressivité à la fureur et l’homicide. L’agressivité peut être dirigée contre soi-même : actes suicidaires, automutilations (comportement de destruction ou de dégradation de son propre corps).
  • Comportement suicidaire :
    • le suicide est l’acte de se donner la mort ;
    • on distingue les conduites suicidaires, qui concernent les tentatives de suicide, qu’elles échouent ou qu’elles réussissent, du suicide à proprement parler ;
    • le suicidé est le sujet dont le geste a été mortel, le suicidant est celui qui a survécu à son geste et le suicidaire est celui qui est à risque de passage à l’acte suicidaire.

Troubles de la volonté

  • Aboulie : diminution de la volonté entraînant indécision et impuissance à agir.
  • Apragmatisme : incapacité d’origine psychique de maintenir une activité et un comportement adaptés aux besoins et aux conditions de vie du sujet.
  • Négativisme : comportement de refus et d’opposition aux sollicitations d’autrui (voir la section Troubles psychomoteurs).

Troubles du comportement alimentaire

  • Anorexie : ce terme désigne la perte de l'appétit. On peut l'observer au cours des dépressions, mais aussi de maladies du corps comme le cancer.
  • Anorexie mentale : trouble spécifique qui correspond à une privation volontaire de nourriture et n'est donc pas une perte de l'appétit.
  • Hyperphagie : ingestion de trop grandes quantités de nourriture
  • Boulimie : ingestion brutale d'une grande quantité d'aliments, il s'ensuit une culpabilité intense et des vomissements provoqués répétés.
  • Sitiophobie : refus alimentaire (ou de certains aliments), généralement dans le cadre d'une pathologie délirante sous-jacente (par exemple par crainte d'être empoisonné).
  • Potomanie : forme particulière d’excès se limitant à l’eau absorbée en très grande quantité qui se voit presque exclusivement dans les troubles psychotiques.
  • Mérycisme : chez l'enfant, régurgitation et rumination du bol alimentaire
  • Pica, caractérisé par l’absorption de substances non comestibles avec une variété caractérisée par l’ingestion d’excréments, ou coprophagie.

Troubles du comportement sexuel

Ils peuvent être divisés en deux catégories : les déficiences sexuelles d’une part, les déviations du comportement sexuel de l’autre.

Insuffisances sexuelles chez l’homme

  • La perte du désir, la perte de la capacité à éprouver du plaisir ou anhédonie, l’aversion pour tout ou partie de la sexualité.
  • L'éjaculation précoce
  • Les troubles de l’érection ou impuissance : ces troubles peuvent être organiques, psychogènes ou mixtes. L’impuissance psychogène est sous-tendue par l’anxiété anticipatoire de l’échec du rapport sexuel. Le sujet est en situation de stress, met en jeu la composante sympathique du système neurovégétatif qui antagonise les mécanismes parasympathiques de l’érection. La prise en charge psychothérapeutique comportementale ainsi qu’une aide médicamenteuse à l’érection donnent de bons résultats. L’éjaculation précoce, qui met fin à l’érection, procède du même mécanisme.

Insuffisances sexuelles chez la femme

Outre la perte de désir et l’aversion sexuelle décrites déjà chez l’homme, on parle essentiellement chez la femme de frigidité, terme qui englobe diverses affections se traduisant toutes par une incapacité à parvenir à l’orgasme ou une insatisfaction sexuelle en général.

Le vaginisme, qui est le rétrécissement de l’ouverture vaginale due à une contraction musculaire involontaire, empêche la pénétration.

La dyspareunie décrit un coït douloureux.

Déviations du comportement sexuel ou perversions sexuelles (paraphilies)

Les perversions sexuelles sont des comportements visant à l’obtention du plaisir par des moyens autres que le coït par pénétration.

  • L’objet de la perversion peut être le partenaire qui est non consentant et non adapté, comme dans la pédophilie, un partenaire non adapté (sujet âgé et/ou malade = gérontophilie, cadavre = nécrophilie), un partenaire non humain comme dans la zoophilie, un objet inanimé en place de partenaire comme dans le fétichisme.
  • La perversion peut concerner le moyen par lequel le plaisir est obtenu : la violence et la douleur comme dans le sado-masochisme, le plaisir visuel seul comme dans le voyeurisme et l’exhibitionnisme, l’érotisation des fonctions digestives et urinaires.
  • Enfin, le plaisir est essentiellement lié, dans le donjuanisme, à la recherche permanente de conquêtes amoureuses.
  • L'homosexualité n'est plus considérée comme un trouble mental. On distingue toutefois l'homosexualité égosyntonique et égodystonique. Dans ce dernier cas, l'orientation sexuelle est source de souffrance et de questionnement et des soins peuvent être proposés.

Troubles du contrôle sphinctérien

Ils concernent les enfants.

L’énurésie est l’émission involontaire d’urine par un enfant, le plus souvent la nuit, à un âge où le contrôle mictionnel est normalement acquis, en règle après cinq ans. On distingue l’énurésie primaire, quand le contrôle sphinctérien n’a jamais été acquis, de l’énurésie secondaire, qui survient après une période plus ou moins longue de propreté. Elle concerne plus souvent les garçons, est souvent un signe d’immaturité et peut traduire une angoisse de séparation à la mère.

L’encoprésie est l’absence de contrôle sphinctérien anal après l’âge où la propreté est normalement acquise. Les garçons en sont plus souvent atteints que les filles. C’est un trouble plus rare que l’énurésie.

Troubles du sommeil

Ils portent sur la quantité, la qualité ou l’horaire du sommeil, et peuvent être permanents ou transitoires.

Insomnie

  • Insomnie d'endormissement
  • Insomnie de fin de nuit (classiquement associée à la dépression).
  • Insomnie terminale
  • Agrypnie : perte totale prolongée du sommeil.

Hypersomnie

L'hypersomnie est l'augmentation de la durée du sommeil.

Parasomnie

  • Cauchemar
  • Terreur nocturne
  • Somnambulisme
  • Paralysie du sommeil
  • Conduites agressives durant le sommeil : les hypnologues décrivent des phénomènes agressifs identifiés au cours du sommeil, pouvant conduire à des actes médicolégaux.
  • Hallucinations hypnagogiques,survenant à l'endormissement, le plus souvent sans valeur sémiologique
  • Hallucinations hypnopompiques, survenant au réveil, le plus souvent sans valeur sémiologique

Trouble du rythme circadien

  • Avance de phase
  • Retard de phase
  • Le plus souvent d’origine psychogène, ils peuvent révéler une pathologie organique ou être un des symptômes d’une affection générale ou neurologique. La pathologie du sommeil fait partie intégrante de la pathologie psychiatrique.

On distingue les dyssomnies, insomnies et hypersomnies, et les troubles du rythme circadien (avance et retard de phase essentiellement).

Les parasomnies tels que le somnambulisme, les terreurs nocturnes, le bruxisme et certains phénomènes hallucinatoires (hallucinations hypnopompiques et hypnagogiques).

Les troubles instrumentaux

Aphasie

L'aphasie est une perte de la parole liée à une lésion cérébrale, il faut donc en distinguer le mutisme (qui réalise une perte de la parole sans lésion). La sémiologie varie selon l'aire corticale affectée.

Apraxie

L'apraxie est un signe clinique qui décrit une incapacité à effectuer un mouvement ou une série de mouvements sur consigne. Ce ou ces mouvements sont par ailleurs bien exécutés spontanément. Les apraxies sont des troubles touchant les mouvements élaborés en l’absence de déficit sensoriel et de déficit moteur. Elles sont liées à des atteintes cérébrales.

On les regroupe en deux catégories : les apraxies idéomotrices et idéatoires.

  • L’apraxie idéomotrice est l’incapacité à réaliser un geste complexe sur commande. Elles sont dues à des lésions pariétales et/ou frontales gauches qui perturbent la production et la compréhension du geste.
  • L’apraxie idéatoire est l’incapacité à réaliser une séquence motrice complexe dans le bon ordre alors que chaque geste élémentaire, pris isolément, peut être exécuté correctement. Cette apraxie est liée à une déficience de la représentation globale, conceptuelle de la tache à accomplir alors que dans l’apraxie idéomotrice, c’est la capacité de production du geste qui est surtout atteinte.

 Agnosie

 Les agnosies sont des troubles de la reconnaissance des formes en l’absence d’atteinte visuelle. Elles sont de divers types et les mécanismes mis en jeu sont complexes.           On retrouve souvent des lésions des lobes pariétaux. Une agnosie spécifique est la prosopagnosie ou trouble de la reconnaissance des visages. Dans ce trouble, les        visages des proches perdent leur familiarité.

Anosognosie : il s'agit de l'incapacité du sujet à se reconnaitre malade. C'est l'un des éléments classique observé dans la schizophrénie.

 

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