Paranoïa : Guide infirmiers

Situation pratique

Imaginez que vous êtes en stage dans un service de psychiatrie et que vous êtes chargé de prendre en charge un patient atteint de paranoïa. Le patient, Monsieur D, est âgé de 45 ans et a été admis dans le service suite à des comportements agressifs et des menaces envers ses voisins. Il est convaincu que ses voisins l'espionnent et complotent pour lui nuire.

Lors de votre premier entretien avec Monsieur Dupont, vous remarquez qu'il est très méfiant et qu'il a du mal à vous faire confiance. Il vous pose de nombreuses questions sur vos intentions et sur ce que vous allez faire de lui. Il est également très agité et a du mal à se concentrer sur la conversation.

Au cours des jours suivants, vous observez que Monsieur Dupont a tendance à interpréter de manière erronée les commentaires et les gestes des autres patients et des soignants. Il est persuadé que tout le monde complote contre lui et est prompte à la contre-attaque ou à réagir avec colère. Il est également très réticent à participer aux activités thérapeutiques proposées par le service, car il pense que celles-ci sont destinées à le manipuler ou à le contrôler.

En discutant avec l'équipe soignante, vous apprenez que Monsieur D a été diagnostiqué avec un trouble délirant de type paranoïaque et qu'il suit un traitement médicamenteux pour l'aider à gérer ses symptômes. Vous comprenez alors que la méfiance, la suspicion et le sentiment de persécution de Monsieur D sont des symptômes de sa maladie et que votre rôle en tant qu'infirmier est de l'aider à gérer ces symptômes et à améliorer ses relations interpersonnelles.

Cette situation pratique permet de mettre en lumière les principaux symptômes de la paranoïa (méfiance, suspicion, sentiment de persécution, interprétation erronée des gestes et des commentaires des autres, etc.) et de montrer comment ceux-ci peuvent impacter les relations interpersonnelles et la vie quotidienne du patient. Elle permet également de souligner l'importance de la prise en charge thérapeutique et médicamenteuse pour aider le patient à gérer ses symptômes.

Vous comprenez alors que la méfiance, la suspicion et le sentiment de persécution de Monsieur Dupont sont des symptômes de sa maladie et que votre rôle en tant qu'infirmier est de l'aider à gérer ces symptômes et à améliorer ses relations interpersonnelles.

Cette situation pratique permet de mettre en lumière les principaux symptômes de la paranoïa (méfiance, suspicion, sentiment de persécution, interprétation erronée des gestes et des commentaires des autres, etc.) et de montrer comment ceux-ci peuvent impacter les relations interpersonnelles et la vie quotidienne du patient. Elle permet également de souligner l'importance de la prise en charge thérapeutique et médicamenteuse pour aider le patient à gérer ses symptômes.

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Définition

La paranoïa est un trouble mental manifesté par des difficultés relationnelles, des troubles du comportement et un sentiment de persécution pouvant aller jusqu'à un point d'irrationalité et de délire (délire paranoïaque).

La pensée paranoïaque inclut typiquement des croyances de persécution liées à une menace perçue comme provenant des individus : jalousie, délires, etc.


Symptômes
une méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres dont les intentions sont interprétées comme malveillantes, qui apparaît au début de l'âge adulte et est présente dans divers contextes, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes.

La personne souffrant de paranoïa :

s'attend sans raison suffisante à ce que les autres l'exploitent, lui nuisent ou le trompent, est préoccupée par des doutes injustifiés concernant la loyauté ou la fidélité de ses amis ou associés, est réticente à se confier à autrui en raison d'une crainte injustifiée que l'information soit utilisée de manière perfide contre lui, discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes dans des commentaires ou des évènements anodins, garde rancune, c'est-à-dire ne pardonne pas d'être blessé, insulté ou dédaigné, perçoit des attaques contre sa personne ou sa réputation, alors que ce n'est pas apparent pour les autres, et est prompte à la contre-attaque ou réagit avec colère, met en doute de manière répétée et sans justification la fidélité de son conjoint ou de son partenaire sexuel ; il ne survient pas exclusivement pendant l'évolution d'une schizophrénie, d'un trouble de l'humeur avec caractéristiques psychotiques ou d'un autre trouble psychotique et n'est pas nécessairement dû aux effets physiologiques directs d'une affection médicale générale.

Les psychoses paranoïaques, quant à elles, sont désignées dans le DSM-IV sous le terme de troubles délirants (en anglais : delusional disorder) :

Délire sans idées bizarres (car impliquant des situations plausibles dans la vie réelle, comme être espionné, poursuivi, empoisonné, infecté, aimé à distance, trompé par son partenaire ou être atteint d'une maladie) sur une durée d'au moins un mois.

Les caractéristiques de la schizophrénie (désorganisation mentale, symptômes négatifs, etc.) ne sont pas rencontrées.

Toutefois, dans de rares cas, des hallucinations sensorielles (en rapport avec les thèmes du délire) peuvent être observées.

Mis à part l'impact du délire, la maladie n'handicape pas le patient dans son mode de vie, et son comportement n'est pas inhabituel ou bizarre.

Si des troubles de l'humeur sont observés, leur durée est plus brève que celle des épisodes délirants.

Les dysfonctionnements ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d'une substance chimique (qu'il s'agisse d'une drogue illégale ou d'un médicament) ou d'une affection médicale générale

Traitements

Compte tenu de l'anosognosie qui accompagne cette affection (c'est-à-dire du fait que le malade n'est pas conscient de ses troubles), bon nombre de personnes qui en sont atteintes restent sans suivi.

Le délire paranoïaque installé est pris dans le caractère et prend le dessus sur la construction même de la personnalité.

Souvent toute proposition de soins est interprétée comme une agression.

Du fait des modalités relationnelles particulières des patients paranoïaques, et du risque que le soin amène un renforcement (ou une simple continuité) du processus paranoïaque, et à l'insu du thérapeute, la prise en charge n'est pas continûment possible en cabinet, et souvent elle est institutionnelle, faisant appel à une équipe pluridisciplinaire de soignants.

Le traitement médicamenteux de fond de la psychose paranoïaque fait principalement appel aux neuroleptiques dits incisifs, c'est-à-dire possédant des propriétés antidélirantes (quétiapine, halopéridol, rispéridone, olanzapine…) qui permettent de réduire le délire sans parvenir toujours à le supprimer complètement. Les antipsychotiques atypiques, qui agissent à la fois sur les récepteurs de dopamine et ceux à la sérotonine, sont largement plus efficaces que les antipsychotiques typiques qui n'agissent que sur les récepteurs à dopamine.

Lorsque s'ajoutent des troubles du comportement, une insomnie, des périodes d'agitation ou un risque de passage à l'acte, un neuroleptique plus sédatif peut être prescrit (comme la cyamémazine, la chlorpromazine, la lévomépromazine et surtout la loxapine…) pour être consommé de manière transitoire au moment où ces troubles du comportement se déclarent.

Le malade n'étant pas toujours conscient de ses troubles du comportement (à cause de l'anosognosie), il est parfois nécessaire que son entourage lui signale que son comportement pose problème.

Lors d'exacerbations anxieuses, un traitement anxiolytique (benzodiazépines, bêta-bloquants…) peut être ajouté.

Par exemple, le propranolol est très efficace pour faire disparaitre le sentiment de peur et d'appréhension que l'on observe fréquemment chez les paranoïaques, et pour corriger certains effets secondaires des antipsychotiques (comme l'akathisie).

Il n'entraine pas de dépendance et n'a pas les effets secondaires délétères pour la mémoire que l'on observe avec les benzodiazépines.

 

Interventions infirmières

Physiopathologie

Certains troubles paranoïdes tels que le trouble de la personnalité paranoïde et la schizophrénie paranoïde peuvent avoir un comportement plus bizarre et avoir des sentiments intenses de méfiance ou de peur. Ces clients ne se confient pas aux autres et peuvent être difficiles à parler car ils interprètent souvent mal une conversation ou un comportement inoffensif.

Étiologie

Critères de diagnostic:

  Les critères et les symptômes doivent persister pendant un mois ou plus et ne peuvent être attribués à la consommation de substances ou à une autre condition médicale ou mentale.

  • La méfiance extrême et la méfiance envers les autres, interprétant mal les motifs comme malveillants, commencent tôt à l'âge adulte
  • Présente par au moins quatre des personnes suivantes:
    • Suspecte, sans raison, que d'autres l'exploitent, lui font du mal ou le trompent
    • Est préoccupé par des doutes injustifiés sur la fiabilité de ses amis ou associés
    • Hésite à se confier à autrui par crainte que des informations ne soient utilisées contre lui ou elle
    • Interprète mal des significations menaçantes en remarques ou événements inoffensifs
    • Porte rancune ou ne pardonne pas les insultes, les blessures
    • Perce des attaques contre sa personnalité ou sa réputation
    • Des soupçons récurrents et injustifiés sur la fidélité du partenaire
  • Ne survient pas seulement pendant, mais peut être diagnostiquée avant, la schizophrénie

Résultat souhaité

Le client sera en mesure d'identifier les techniques d'adaptation appropriées. Le client reste en sécurité et sans dommage.

Plan de soins infirmiers pour les troubles paranoïdes

Données subjectives:

  • Soupçon
  • Peur d'être trompé
  • Sentiment d'être persécuté
  • Mauvaise image de soi

Données objectives:

  • Argumentatif
  • Hostilité
  • Détachement
  • Isolement social
  • Facilement offensé
  • Attitude bienveillante
  • Comportements et croyances rigides
  • Le perfectionnisme

Interventions infirmières et justifications

  • Évaluer l'état neurologique du client
  Pour déterminer si d'autres problèmes peuvent causer des symptômes ou si le trouble a évolué vers une autre maladie grave telle que la schizophrénie  
  • Surveiller les comportements et les interactions avec le personnel et les autres clients
  Déterminez comment le client interagit avec les autres. Les clients paranoïaques peuvent présenter des comportements agressifs sans raison apparente.  
  • Parlez ouvertement avec le client de ses croyances et de ses pensées, en faisant preuve d'empathie et de soutien
  Aidez à renforcer la confiance et les relations avec les clients. Les clients paranoïaques peuvent être plus réticents à faire confiance à qui que ce soit, mais une communication ouverte offre généralement plus de coopération  
  • Expliquez clairement et soigneusement toutes les procédures, ainsi que leur objectif, avant de les démarrer
  Empêche les comportements agressifs et les soupçons. Favorise la coopération et la conformité. Aide à développer la confiance.  
  • Restez conscient de l'espace personnel du client. Évitez de surprendre le client, de faire des mouvements brusques ou de le toucher inutilement
  Même les meilleures intentions, comme une poignée de main, le rangement de la pièce ou le langage corporel peuvent être interprétées à tort comme menaçantes et peuvent conduire à un comportement agressif. Faire preuve de respect pour l'espace et les biens du client contribue à instaurer la confiance.  
  • Discutez des sentiments et aidez le client à identifier les comportements qui causent des conflits ou qui aliénent les autres
  Aider les clients à voir la réalité de leurs comportements peut aider à faire progresser le traitement et conduire à des comportements et des interactions plus appropriés.  
  • Discutez et demandez au client de démontrer (par le biais d'un jeu de rôle, le cas échéant) des réponses et réactions plus acceptables aux comportements et aux facteurs de stress
  Aide le client à développer des capacités d'adaptation plus positives pour faire face aux délires, aux soupçons et aux peurs  
  • Minimiser les stimuli environnementaux
  Une surstimulation causée par des bruits forts, des conversations excessives, la télévision ou la radio peut augmenter la paranoïa et provoquer des comportements erratiques ou agressifs.  
  • Encouragez la socialisation avec les autres, mais ne forcez pas la participation aux activités
  Aider les clients à développer des relations et des interactions plus positives avec les autres. Aide à réorienter le client vers la réalité. Les forcer à participer peut déclencher la paranoïa que vous essayez de tromper ou de les piéger.  
  • Fixez des limites de comportement et appliquez les protocoles de l'établissement avec des médicaments ou des moyens de contention si nécessaire
  Promouvoir la sécurité des clients pendant les moments d'agitation et la sécurité des autres contre les comportements agressifs. Suivez le protocole spécifique de votre établissement concernant la supervision, la contention et la documentation.  
  • Administrer les médicaments de manière appropriée et surveiller les réactions aux médicaments
  Des médicaments antipsychotiques peuvent être administrés pour gérer les délires et les comportements. Surveiller les effets indésirables.  
  • Offrir des éloges et des encouragements pour l'accomplissement des tâches
  Promouvoir un sentiment d'estime de soi et améliore l'estime de soi  
  • Tenez compte de toute préoccupation culturelle ou de tout impact du traitement
  Selon leur culture, certains comportements et croyances peuvent être considérés comme acceptables pour le client. Tenez-en compte lors de la mise en œuvre des interventions.  
  • Réorienter le cas échéant, mais éviter la confrontation des délires
  Le client peut parfois avoir besoin de se recentrer sur la réalité, mais évitez la confrontation qui peut être interprétée comme argumentative pour éviter la non-conformité et les comportements non coopératifs.  
  • Fournir de l'éducation, des ressources et du soutien à la famille et aux proches du client
  Aidez les membres de la famille à comprendre la nature de la maladie du client et évitez les conflits qui pourraient aggraver les symptômes du client. Encourage les capacités d'adaptation des membres de la famille à travers les autres et les groupes de soutien.  
  • Comme le client en convient, et conformément au protocole de l'établissement, intégrer la famille du client ou ses proches dans le plan de traitement en cours
  Aider à développer la confiance entre le client et ses proches et à promouvoir une gestion positive de la maladie à l'avenir. Aidez les clients et les membres de la famille à suivre le traitement.  

Références

Exercice

Auteur Gisèle Cabre

Formatrice IFSI

Rédaction : https://www.soignantenehpad.fr

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