Afin de comprendre la notion de dépendance, il convient tout d’abord de définir ce que sont l’autonomie et la dépendance.
- Autonomie du grec « otos nomos » signifie « se gouverner soi-même ». Etre autonome c’est donc posséder la faculté de se réaliser. Dépendance du latin « dependere », « être suspendu à ». La dépendance peut être technique, humaine, fonctionnelle, ou bien situationnelle. On a souvent tendance à opposer dépendance et liberté, d’un point de vue philosophique, la notion de dépendance désigne un rapport dans lequel un individu ne peut exister ou se réaliser sans l'autre ou les autres.
La dépendance renvoie d'abord au besoin naturel, en tant qu'êtres vivants nous avons besoin de l'écosystème dans lequel nous vivons. La liberté a longtemps été perçu comme la capacité d'un sujet à exister et à agir indépendamment de toute circonstance extérieure, or ceci est impossible lorsque nous vivons en société.
L’individu n’est en effet pas auto-suffisant. Pourtant encore aujourd’hui la dépendance est une notion dépréciative. Liée à l’handicap, on se heurte aussi à beaucoup d’incompréhension, puisque la notion dépend nécessairement des personnes (entourage familial, professionnel…) qui portent un jugement sur la situation, chacun définissant la dépendance d’autrui comme il l’entend.
1 - LES DIFFÉRENTES DÉFINITIONS DE LA DÉPENDANCE
En 1976, la dépendance est définie par Van Den Heuvel comme:
- Une incapacité pratique, presque physique qui nécessite l'aide ou des soins d'autrui.
- Une incapacité ou d’une impuissance éprouvée dans la relation personnelle et/ou sociale.
- Un besoin psychologique (physique) d'être pris en charge, contrôlé ou nourri.
En 1987, Wilkin et Tompson établissent une distinction entre l’approche médicale de la dépendance et la dépendance au sens large, c'est-à-dire celle comportant des aspects économiques et sociaux. La dépendance d’un point de vue médicale se réduit donc aux problèmes de santé, aux déficiences (somatiques, sensorielles, psychiques) entraînant des incapacités (physiques et/ou psychiques). Pourtant c’est une pensée restreinte que de définir la dépendance comme une conséquence d’une déficience. En effet selon les cas, elle est également la conséquence de difficultés financières, d’un manque de ressources (personnelles, relationnelles, ...). Par ailleurs de nombreuses études ont démontré qu'il n'y a pas de corrélation entre le besoin en soins physiques et la dépendance.
Le contexte dans lequel évolue la personne instaure également des facteurs considérables à la dépendance, comme par exemple l'état matrimonial, le type d'habitat, l'isolement social, les compétences communicatives. L'approche de la notion de dépendance est donc globale : le domaine physique, le domaine psychique et mental, le domaine social, l'environnement physique et le domaine économique y doivent nécessairement être reliés.
2 - DÉPENDANCE DANS LES ACTES «ORDINAIRES» DE LA VIE
Les différentes approches de la notion de dépendance insistent sur la nécessité de l'aide d'une tierce personne dans les actes quotidiens de la vie.
Ces actes ont été définis par l’OMS en 1980 :
Se mouvoir dans son environnement (mobilité physique).
Maintenir une existence indépendante de façon efficace en rapport avec les besoins physiques immédiats (indépendance dans les actes de la vie courante).
Occuper son temps de façon normale compte tenu de son sexe, de son âge et de sa culture (occupations/loisirs).
Participer à des relations sociales et les maintenir (intégration sociale).
Avoir une activité socio-économique, maintenir son indépendance grâce au travail ou à l'exploitation de ses biens (suffisance économique).
Ce sont dans la plupart des cas les trois premiers actes qui sont retenus. Les activités en rapport avec ceux-ci sont classées et subdivisées en deux catégories: les activités instrumentales de la vie journalière (AIVJ) et les actes élémentaires de la vie quotidienne (AVQ). Les premières font référence à des activités domestiques qui permettent à une personne de rester à son domicile : préparer les repas, entretenir la maison, tenir son budget, prendre ses médicaments, utiliser le téléphone. Mais aussi des activités nécessitant de se rendre en extérieur : faire les courses, prendre des transports individuels ou en commun. Quand aux actes élémentaires de la vie quotidienne, ils font référence à un ensemble de processus en rapport avec la mobilité et l'indépendance physique: se nourrir, s'habiller, se laver, aller aux toilettes, se déplacer (transfert lit/fauteuil, fauteuil/lits). Elles permettent à la personne de vivre de manière indépendante.
La loi Handicap du 11 février 2005 a redéfini par ailleurs la notion de dépendance dans l’handicap au moyen de 4 facteurs :
La cause : maladie physique, mentale ou psychique ou déficience de même nature.
L’objet : limite quand à la nature – un besoin d’aide pour les actes essentiels de la vie.
Le seuil : limite inférieure dans l’intensité - besoin représentant 3,5 heures par semaine.
Durée : limite inférieure dans le temps – besoin pour une durée prévisible de six mois.
Cette loi a permis de recadrer et de redéfinir la notion de dépendance liée à l’handicap. C’est à ce jour la dernière avancée concrète en la matière.
- Etre orienté et s'orienter dans son environnement (orientation spatiale et temporelle).